La manie est, de plus en plus, au sondage. Sur tout et n’importe quoi, on interroge les gens, pour donner un semblant d’aspect démocratique à une époque qui ne l’est plus guère. Un aspect d’autant plus pâle que l’on n’interroge qu’une faible proportion de gens, et qu’on oublie leurs réponses sitôt la publication des résultats. Ce curieux système porte absolument sur tout, et de préférence sur des sujets sur lesquels les personnes interrogées n’ont aucune compétence. Dernière illustration : le sondage qui vient d’être effectué sur la droite lors de la prochaine présidentielle.
Dans ce sondage, réalisé par l’institut BVA, on apprend qu’Alain Juppé serait le candidat UMP préféré des Français pour la prochaine élection présidentielle, mais que c’est Nicolas Sarkozy qui est le préféré de la droite. Ainsi, sur 1.124 personnes interrogées, 41 % préfèreraient qu’Alain Juppé soit le candidat de l’UMP en 2017. Nicolas Sarkozy arrive en deuxième position, avec seulement 18 % des intentions de vote. Viennent ensuite Bruno Le Maire, avec 11 %, et François Fillon, avec 10 %.
Le candidat de droite à la présidentielle
Si l’on s’intéresse aux seuls sympathisants de droite, Nicolas Sarkozy remonte à la première place, avec 33 % des intentions de vote, devant Alain Juppé, qui pointe à 28 %.
Le sondage précise que les centristes (UDI ou MoDem) ont une nette préférence pour le maire de Bordeaux, alors que les sympathisants du Front national préfèrent, malgré les attaques dont il est l’objet de la part de leur parti, le président de l’UMP.
Un sondage assez curieux
On peut épiloguer à loisir sur ces chiffres – et tous les autres que contient ce sondage, au gré des questions posées. Il n’empêche que la réalité est se situe à un autre niveau. On ne peut s’empêcher, en effet, de s’interroger sur l’utilité d’aller poser la question de la primaire UMP et du candidat de ce parti à l’élection présidentielle à des gens qui, de toute façon, ne voteront pas UMP. En l’espèce, ce type de sondage n’a donc pas d’intérêt.
La gauche préfère Juppé, la droite Sarkozy
Sauf s’il s’agit de brouiller les cartes. On notera que, dans l’esprit public, Alain Juppé défend des idées qui sont moins typiquement de droite que Nicolas Sarkozy – ce qui convient évidemment mieux aux gens de gauche.
Surtout, en l’état actuel, il semble que l’ancien président de la République serait plus à même de l’emporter aujourd’hui face à son successeur, que ne le ferait l’ancien premier ministre. Autrement dit, l’enseignement de ce sondage serait de dire que la gauche préférerait avoir comme candidat de droite, celui qui présente le plus de chance de perdre face à son candidat.
Reste une inconnue, ignorée par ce sondage : celle de la progression du Front national…