« Lorsque les terroristes projettent de tuer ou de mutiler des gens dans les rues britanniques, la coopération sécuritaire la plus étroite possible est bien plus importante que la souveraineté dans sa forme théorique la plus pure », vient de déclarer le Premier ministre britannique David Cameron pour dénoncer la tentation de sortir de l’Union européenne. Le discours contre le Brexit se fait actuellement de plus en plus terrifiant : « Pouvons-nous nous être tellement sûrs que la paix et la stabilité sont assurées sur notre continent ? », a-t-il également déclaré, conduisant l’un des principaux partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, le parlementaire conservateur Boris Johnson, a dénoncer l’outrance de ses propos : « Il faut y réfléchir à deux fois avant de faire de telles mises en garde. Non, je ne pense pas que le fait de quitter l’UE provoquerait le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale sur le continent européen », a-t-il dit.
Le Brexit, l’Europe et la Troisième Guerre mondiale
David Cameron n’hésite pas à invoquer la nouvelle « belligérance russe », l’État islamique et la crise des migrants pour justifier le maintien dans l’Union européenne, y compris dans sa dimension économique. Pour lui, « la menace terroriste a grandi » à l’encontre du Royaume-Uni pendant les six années où il en a été le premier ministre. Il est facile de lui faire remarquer que l’Union européenne n’a donc rien fait pour contrer cette menace. Sans compter que la crise des migrants est une conséquence directe de la politique de l’UE, ou du moins que celle-ci l’a spectaculairement aggravée.
Mais le mécanisme dialectique est une fois de plus évident. De réels dangers, de la variété qui fait particulièrement peur aux personnes parce qu’ils menacent leur vie et leur sécurité, sont invoqués pour justifier une intégration politique qui ne leur est pas directement liée. C’est le même genre de mécanisme qui a poussé il y a quelques jours le patriarche Kirill à appeler à la « guerre sainte » et unie contre le « terrorisme » : David Cameron ne dit pas autre chose en recommandant des abandons de souveraineté afin de mieux lutter contre ce fléau.
David Cameron allié aux travaillistes pour prêcher l’abandon de souveraineté
Il a fait ces remarques lors d’une réunion à laquelle participaient également des partisans travaillistes du maintien dans l’Union européenne : son discours a été présenté par un ancien secrétaire aux Affaires étrangères du Labour, David Milliband. Tout un symbole.
Si le Royaume-Uni a été contraint d’accepter l’organisation d’un referendum sur l’Union européenne, c’est que les Britanniques se rendent compte du coût humain et économique de leur intégration dans l’UE. Ils connaissent, parce que la presse leur en parle peut-être un peu plus que dans un pays comme la France, du poids des dépenses européennes, des taxes prélevées au profit de l’UE, des réglementations, de la corruption, des abus de pouvoir. Ils sont nombreux à penser qu’il faut d’abord régler ce problème-là. Et si une coopération contre les menaces terroristes est effectivement nécessaire, rien n’empêche les procédures d’échange d’informations entre Etats souverains, chacun devant en définitive se charger de sa propre sécurité.
Que David Cameron en soit arrivé à évoquer des menaces guerrières pour justifier le discours contre le Brexit en dit long sur la nervosité des partisans d’une intégration régionale, passage obligé vers l’intégration globaliste.