David Cameron mis en difficulté lors d’un débat télévisé sur le Brexit sur Sky News

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Le Premier ministre du Royaume-Uni a participé au premier débat télévisé en direct jeudi soir sur la chaîne Sky News, et de l’avis de tous, David Cameron a été fortement mis en difficulté sous le feu roulant des questions hostiles à la fois des présentateurs et du public. Accusé de « jouer sur les peurs » plutôt que de répondre précisément aux questions posées, Cameron n’a pas convaincu les partisans du Brexit : pour un commentateur du Telegraph, il s’est trouvé face à une sorte de « mutinerie » où les arguments contre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne se sont exprimés avec une vivacité que l’on n’imagine pas dans les médias français.
 
David Cameron, interpellé de manière très précise sur de nombreux sujets, a répondu avec des généralités, répétant que la sortie de l’UE entraînerait des pertes d’emplois, une dévaluation, des conflits au sein de l’Europe qui a connu deux guerres dévastatrices au XXe siècle, plus d’immigration, plus de terrorisme… à tel point que le présentateur de Sky News a pu déclencher l’hilarité de la salle en demandant au Premier ministre : « Qu’est-ce qui vient d’abord, la Troisième Guerre mondiale ou l’effondrement de l’économie globale ? » Ironie des choses : le journaliste s’appelle Faisal Islam…
 

Brexit : David Cameron subit un interrogatoire serré sur Sky News

 
Cameron s’est trouvé pour une fois face au pays réel, aux inquiétudes des gens face à l’immigration de masse, aux réglementations débilitantes de l’Union européenne, à la menace de l’entrée de la Turquie dans l’Union, à la création en cours d’une armée de l’UE. On l’a mis face à ses contradictions. En particulier, il n’a pas su répondre à la question sur l’immigration nette, qu’il s’est engagé à limiter fortement (sans que cet engagement ne se traduise en actes, inutile de le préciser : elle atteint aujourd’hui 333.000 par an) ; comment concilier le maintien dans l’Union qui exige la libre circulation des personnes et cette promesse électorales qu’il prétend toujours vouloir honorer ?
 
En l’occurrence, ces questions étaient posées par un Faisal Islam combatif : Cameron en a pris prétexte pour le lui reprocher son ton désinvolte, l’accusant de s’exprimer comme un partisan du Brexit. Voilà qui change en effet d’une classe médiatique européenne qui de manière générale prend parti pour la construction européenne. Mais comme réponse, c’était un peu court.
 

Le « baratin » de Cameron mis en difficulté lors d’un débat sur l’UE

 
Du coup, l’hostilité de la salle s’est renforcée : les mots « hypocrisie », « alarmisme », « campagne fondée sur la peur » sont revenus avec insistance dans les questions. Une étudiante en littérature anglaise d’origine arabe, peinant à recevoir une réponse précise à sa question sur le financement de l’État islamique et la coopération avec la Turquie et l’Arabie Saoudite, a même interrompu le Premier ministre en affirmant : « Je sais reconnaître le baratin quand je l’entends. » Le clip de la séquence fait aujourd’hui les délices des Britanniques.
 
David Cameron a semblé garder son calme –avec quelque difficulté, et surtout visiblement briefé par des spécialistes en communication qui lui ont sans aucun doute imposé le sourire, l’attention aux prénoms de ses interlocuteurs, des attitudes corporelles « rassurantes », un ton lisse mais centré sur les « dangers » du Brexit, sans tentative d’explication rationnelle. Mais même lui a dû constater qu’il était en train de perdre la partie, et cela s’est senti. L’ensemble de la presse britannique estime que le Premier ministre s’est pris une raclée.
 
Au lendemain du débat, assure Breitbart London, l’équipe du Premier ministre accuse Sky News d’avoir constitué le public de manière déloyale.
 
Si c’est le cas, c’est plutôt un juste retour de bâton.
 

Anne Dolhein