En Californie, c’est officiel : les élèves des écoles publiques ont d’énormes problèmes de lecture et aujourd’hui, ce sont les chiffres du département de l’éducation de l’Etat qui le confirme. C’est une tragédie qui touche l’ensemble des Etats-Unis, comme l’ont révélé de nombreuses études. Les statistiques officielles de la Californie laissent entrevoir une « fabrication d’illettrés à l’échelle industrielle », selon l’expression d’Alex Newman qui les commente pour Freedom Project. Le décervelage organisé produit des enfants qui ne savent pas lire, les mêmes causes produisant partout les mêmes effets…
Les chiffres sont donnés par catégories ethniques. Ils sont mauvais pour tous – et carrément catastrophiques pour les élèves noirs.
Ces élèves de Californie qui ne savent pas lire à la fin du lycée
Portant sur la compréhension des histoires et des informations lues, et réalisées d’après des tests qui tiennent déjà compte d’une chute générale du niveau, ils montrent que les élèves, garçons et filles, d’origine afro-américaine, à la sortie du lycée public, ne sont que 17 % à avoir un niveau de lecture et de compréhension supérieure à la moyenne. 52 % ont un niveau moyen, et 31 % un niveau vraiment insuffisant. Pour l’ensemble des garçons noirs, c’est encore pire : moins d’un sur quatre atteint un niveau correspondant au « Common Core » qui établit – à la manière du socle commun en France – les connaissances minimales qui doivent être dispensées par les écoles. Environ la moitié d’entre eux est classée au niveau le plus bas, laissant entendre qu’ils ne comprennent pas les textes les plus simples.
Les Hispaniques s’en sortent à peine mieux, avec un garçon sur trois seulement dans la catégorie du niveau « suffisant », et les Blancs dans leur ensemble sont plus de 40 % dans la catégorie des « insuffisants ». Pour l’ensemble des années scolaires, de toute façon, près de 50 % des élèves n’atteignent pas le niveau minimum de capacités de lecture et de compréhension, avec un petit mieux dans la dernière classe du lycée.
Voilà qui rejoint les statistiques de la capitale fédérale, Washington DC, ou les deux tiers des habitants âgés de plus de 15 ans sont en situation d’illettrisme fonctionnel, selon une agence éducative de l’Etat. Et les des données fédérales montrent que plus de la moitié des Américains savent à peine lire ou ne savent pas lire du tout. Dans le cadre de la mondialisation et de la délocalisation des emplois, les conséquences sont épouvantables…
Le décervelage est en marche aux Etats-Unis et on le sait depuis 150 ans
En Californie, on interprète officiellement les chiffres en dénonçant le scandale de la discrimination raciale ou à raison du « genre ». Mais c’est passer à côté de cette réalité terrifiante : des jeunes, instruits aux frais du contribuable pendant de longues années, peuvent sortir de l’école, quels que soient leur sexe et leur couleur de peau, sans avoir acquis la première des « compétences » sans laquelle toute autre instruction est en réalité impossible : la lecture.
Cela fait, observe Alex Newman, 150 ans que l’on connaît les causes du désastre. Elles sont dans les méthodes, véritablement criminelles, dont l’inefficacité est prouvée. Aux Etats-Unis, cela s’appelle « look and say » (regarde et dis) ; en France, on parle de méthodes globales, semi-globales ou naturelles, toujours fondées sur la reconnaissance des mots comme des images et empêchant l’analyse alphabétique indispensable à notre écriture occidentale. Indispensable aussi, dans notre culture, au développement de la pensée rationnelle et analytique : les méthodes globales favorisent le « cerveau droit » au détriment du « cerveau gauche ».
Ces méthodes qui inhibent la pensée rationnelle et autonome ont cours dans la plupart des pays développés.