Les Démocrates de Suède, parti classé à l’extrême droite par l’Establishment et les grands médias en raison de son opposition à l’immigration de masse, devraient obtenir un score historique aux élections législatives du 9 septembre prochain. Les instituts de sondage le donnent à 20 % des voix environ, contre 13 % en 2014 et moins de 6 % en 2010, année de son entrée au parlement. En nombre de sièges, la présence au parlement suédois de ce parti ostracisé par tous les autres devrait passer de 49 à plus de 70, sur un total de 349. Le mode de scrutin est en effet proportionnel en Suède, et les sociaux-démocrates auront du mal à continuer de gouverner en coalition avec les Verts et le Parti de gauche si les prévisions des instituts de sondage sont confirmées dans les urnes.
Les Démocrates de Suède en position de trouble-fête des élections législatives du 9 septembre
La coalition de gauche devrait en effet obtenir moins de 150 sièges alors qu’il en faut 175 pour obtenir la majorité absolue. L’Alliance des partis de centre droit qui refuse toute collaboration avec les Démocrates de Suède ne devrait pas dépasser les 130 sièges. La constitution d’un gouvernement risque donc d’être très compliquée, à l’image de ce qui s’est passé en Allemagne, car seule une grande coalition des partis de centre droit et de gauche permettra de se passer du parti patriote qui se dit, lui, prêt à gouverner avec la droite ou la gauche du moment que ses propositions en matière d’arrêt de l’immigration sont mises en œuvre.
Le revirement tardif des partis traditionnels suédois sur la question de l’immigration et de la lutte contre la délinquance
Mais même sans la participation des Démocrates de Suède à un gouvernement, la montée en puissance de ce parti, favorisée par la multiplication des désagréments (viols, violence, zones de non-droit…) occasionnés aux Suédois par les politiques immigrationnistes du gouvernement du Premier ministre Stefan Löfven, oblige les partis traditionnels à droitiser leur discours et quelque peu leurs actes. Après avoir suspendu fin 2015 les règles trop libérales qui avaient conduit à accueillir 163.000 demandeurs d’asile cette année-là dans ce pays de 10 millions d’habitants, le gouvernement social-démocrate promet de diviser encore par deux l’immigration tombée à 26.000 en 2017 et il promet de sanctionner plus durement les crimes violents et les agressions sexuelles ainsi que de couper les aides aux étrangers sans papiers et accélérer les procédures d’expulsion. Les « Modérés », principal parti de centre droit, promettent eux aussi un durcissement de la lutte contre l’immigration et contre le crime.
Les partis traditionnels pâtissent toutefois, malgré leur revirement récent, de l’avancée des Démocrates de Suède dirigés par Jimmie Åkesson. Avec environ 25 % des voix, les Sociaux-démocrates devraient faire leur plus mauvais score depuis l’introduction du scrutin à la proportionnelle en 1911. Les Modérés sont quant à eux au coude à coude avec les Démocrates de Suède pour la deuxième place. Leur leader, Ulf Kristersson, a remplacé en octobre 2017 Anna Kinberg Batra qu’une faction du parti accusait de vouloir rompre le « cordon sanitaire » autour des Démocrates de Suède. Si l’alliance des partis de droite avait accepté de rompre ce « front républicain » à la mode suédoise, la droite aurait pu gouverner à la place de la coalition de gauche, qui n’a pas la majorité absolue. Les LR français ont en Suède un concurrent direct pour le titre de « droite la plus bête du monde ».
La Suède, dernier pays nordique avec une politique de diabolisation de la droite nationale
La Suède est le dernier pays nordique à maintenir un tel « cordon sanitaire » autour des « populistes ». Au Danemark, depuis les élections législatives de 2015, le Parti populaire danois, qualifié de populiste et xénophobe pour ses positions anti-immigration mais fort de ses 21 % des voix, soutient le gouvernement de la coalition de droite minoritaire dirigée par le premier ministre Lars Rasmussen, ce qui lui a permis d’imposer une politique migratoire beaucoup plus restrictive. En Norvège, le Parti du progrès (16 % des voix aux élections de 2013 et 15 % des voix en 2017), libéral-conservateur et catalogué lui aussi droite « populiste » pour ses exigences de restrictions sur l’immigration, fait partie du gouvernement Solberg avec le Parti conservateur. Il s’agit d’un gouvernement minoritaire soutenu par d’autres petits partis de droite. En Finlande, le parti des Vrais Finlandais (18 % des voix aux élections de 2015), identitaire et social-conservateur, a lui aussi des ministres au sein du gouvernement du premier ministre Juha Sipila.
Par rapport à la scène politique scandinave, les Démocrates de Suède sont eux aussi plutôt conservateurs sur le plan sociétal puisqu’ils sont favorables à l’adoption réservée aux couples homme-femme et à certaines restrictions sur l’accès à l’avortement. Ils sont aussi classés comme parti eurosceptique puisqu’ils sont hostiles à l’adoption de l’euro et voudraient même que la Suède quitte l’UE tout en restant dans l’Espace économique européen (EEE).