Le nombre total de morts en Italie au cours des huit premiers mois de l’année, selon les dernières données rendues publiques par ISTAT, l’office national des statistiques, a augmenté de 45.000 unités par rapport à la même période en 2014. C’est loin d’être négligeable : l’augmentation est de 11,3 % et si la tendance se poursuit, la surmortalité pourrait atteindre les 68.000 sur l’année entière, le nombre total de décès se situant dès lors aux environs de 666.000 contre 598.000 l’année dernière. A ce jour, le phénomène reste inexpliqué.
La principale catégorie de population touchée est celle des femmes : sur le total de la projection, on compterait plus de 41.000 de femmes – les plus âgées d’entre elles, suppose le site de veille démographique neodemos.info. Compte tenu de la plus grande longévité des femmes, un pic dans cette catégorie n’est pas invraisemblable.
68.000 morts de plus par rapport à 2014 en Italie cette année
Le vieillissement de la population serait-il donc en cause ? Même si cette explication paraît logique elle ne rend pas compte de l’importance de l’augmentation : on n’a pas connu une aussi forte hausse en Italie depuis 1943, et avant cela, au cours d’une autre période de guerre de 1915 à 1918. En 2015, au contraire, c’est la paix, et le bien-être de la population a fait faire des progrès énormes par rapport à ces années-là.
Neodemos.info explique ainsi que le système de protection sociale et sanitaire, qui a accompagné les progrès de la longévité, commence peut-être à « subir plus fortement les effets d’une conjoncture économique moins favorable ». Les coupes dans les crédits de la santé ont-elles pu, se demandent les commentateurs, faire courir davantage de risques aux groupes les plus fragiles, les « anciens » et les « grands anciens » ?
Plus fragiles, et aussi plus coûteux…
L’augmentation inexpliquée de la mortalité accompagne une démographie désastreuse
La structure de la population n’est elle-même pas une explication suffisante. A comparer les chiffres entre janvier 2014 et janvier 2015, on constate qu’il y a 159.000 personnes en moins dans le groupe des moins de 60 ans, 70.000 de plus dans le groupe des 61 à 70 ans, 40.000 de plus parmi les 71 à 85 ans et 62.000 de plus chez les plus de 85 ans. A risque de mortalité égale, on aurait enregistré une surmortalité de 16.000 décès en 2015.
Le phénomène est en outre subit et important. Alors que la natalité reste très basse, on a affaire à une augmentation de mortalité qui est comparable, par son volume, à celle qui a accompagné naguère la transition du communisme vers l’économie de marché en Europe.
Et ainsi l’Italie se vide de sa population par les deux bouts… Cela résulte peut-être des économies imposées dans le secteur des soins, et cela va certainement en entraîner, mais on sait aussi que la baisse démographique s’accompagne de contraction économique. Un vrai suicide.