La Maison Blanche est décidément très fair-play dans son combat contre l’Etat islamique : elle accorde 45 minutes de délai aux forces de l’EI pour évacuer ses infrastructures pétrolières et les chauffeurs leurs camions-citernes avant que l’aviation américaine ne les bombardent ! C’est elle qui a imposé le largage de tracts sur les infrastructures pétrolières de l’Etat islamique avant tout raid des chasseurs américains. Les Etats-Unis justifient leur position du fait que les chauffeurs des camions-citernes ne sont peut-être pas des djihadistes de l’EI, mais de simples civils dont les vies doivent être épargnées, sous prétexte d’éviter des dommages collatéraux.
C’est ce qu’affirme en tout cas la journaliste Bridget Johnson, de PJMedia, rapportant les propos tenus par le colonel Steve Warren lors d’une télé-conférence de presse depuis Bagdad au Pentagone.
Est-il possible, si l’on mène une guerre, de faire une réelle différence entre des chauffeurs djihadistes dûment enrôlés par l’EI et de simples civils absous de toute implication dans les activités terroristes ? La réponse est clairement non – sauf pour la Maison Blanche.
Une destruction parcimonieuse des infrastructures pétrolières de l’Etat islamique
A la lumière de ces éléments, l’on comprend mieux la prospérité financière de l’Etat islamique qui tire ses revenus des ressources pétrolières. Au bout de 15 mois de présence militaire dans la région, les États-Unis se sont enfin décidés à viser les infrastructures pétrolières de l’Etat islamique, mais seuls 116 camions-citernes ont été détruits à ce jour. A comparer aux 1.000 poids lourds détruits par la Russie en 5 jours.
Après 12 mois sans attaques aériennes contre les forces de l’Etat islamique, les pilotes partis en mission rapportent que dans 75 % des cas ils ne pouvaient tirer sur leur cible pourtant verrouillée, faute d’autorisation de tir de leur hiérarchie.
La Maison Blanche et les Etats-Unis retardent les destructions en avertissant au préalable
Ces constats tendent à corroborer l’opinion de nombreux analystes qui affirment que la Maison Blanche applique depuis 15 mois une politique non revendiquée de soutien à l’État islamique dans l’espoir de renverser Bachar al-Assad, en évitant de toucher au nerf de la guerre, c’est-à-dire à la manne financière que procure la vente de pétrole. La Turquie, membre de l’OTAN et donc alliée supposée des États-Unis, a permis d’écouler au marché noir l’équivalent de quelque 800 millions de dollars de pétrole en laissant les camions-citernes de l’Etat islamique passer la frontière turque depuis la ville de Raqqa en Syrie.
La collusion entre les États-Unis et ses alliés dans la région, si laborieusement cachée depuis plus d’un an par la Maison Blanche, est ainsi révélée au grand jour, corroborée notamment par la découverte de renseignements détenus jusqu’ici par l’État islamique. Bachar al-Assad était sans doute convaincu depuis le début du conflit que les extrémistes sunnites aidés par les États-Unis, la Turquie et l’Arabie Saoudite, voulaient l’abattre ; il en maintenant a la preuve formelle.