Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour l’imaginer mais une confirmation issue des services secrets ne fait pas de mal : selon le renseignement britannique, l’Etat islamique s’organise de mieux en mieux pour utiliser le flux de migrants vers l’Europe à son profit, en créant des filières qui assurent l’entrée de djihadistes dans les pays cibles. Le Royaume-Uni n’est même pas protégé par son « splendide isolement »…
Les djihadistes mandatés par l’Etat islamiques se voient attribuer des faux passeports syriens ou irakiens d’une telle facture qu’il est désormais quasi impossible de les distinguer de ceux de réfugiés authentiques, avertissent les responsables du renseignement britannique. Un moyen de créer des « cellules dormantes » au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe ? Les autorités le craignent, et la situation est d’autant plus inquiétante que les envoyés d’Allah auront bénéficié d’un entraînement complet et s’inscrivent au sein d’une hiérarchie.
Entraînement, passeports neufs, ordre de mission : les djihadistes qui voyagent aux côtés des migrants sont fin prêts
Il faut dire que d’après le renseignement américain, l’Etat islamique a pu mettre la main sur des milliers de passeports syriens vierges, et au moins une imprimante spéciale, en prenant le contrôle de locaux appartenant au gouvernement. Et que les autorités grecques, par la voix de l’ambassadeur de Grèce à Londres, reconnaissent ne pas disposer de matériel assez sophistiqué pour identifier des documents falsifiés…
D’après les services britanniques, c’est à Raqqa que se trouve le centre opérationnel où les djihadistes obtiennent leurs nouveaux papiers et leurs ordres de mission après avoir été formés par des officiers de l’Etat islamique.
Le bénéfice pour l’Etat islamique est double : des suspects sous surveillance de la part des renseignements occidentaux ont ainsi le moyen de « disparaître » des radars.
« L’Etat islamique exploite habilement la crise des migrants afin de faire passer en douce des cellules terroristes depuis la Syrie vers les grands pays européens comme le Royaume-Uni », a ainsi assuré un haut responsable des services, cité par le Telegraph de Londres.
Les renseignements britanniques ne peuvent bien surveiller les envoyés de l’Etat islamique au Royaume-Uni
On sait aujourd’hui que sur les 800 citoyens britanniques qui ont rejoint l’Etat islamique depuis le Royaume-Uni, la moitié sont revenus, et sont aujourd’hui sous surveillance. Mais combien de djihadistes supplémentaires, à l’abri d’une nouvelle identité, sont-ils revenus, sans compter les non-Britanniques arrivés à la faveur du flot de migrants ?
L’information tombe à un mauvais moment pour les européistes du Royaume-Uni puisque la défiance croissante à l’égard de la politique immigrationniste de l’Union européenne ne saurait que favoriser le Brexit lors du référendum promis – imprudemment ? – par David Cameron. Les eurosceptiques ont reçu un renfort involontaire de la part de Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne : il vient de déclarer que la majorité des « réfugiés » qui arrivent dans l’UE ne fuient ni la guerre ni la persécution, et qu’il faudrait les « déporter ».
Citant les chiffres de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières, il a jeté un pavé dans la mare en affirmant que « cela concerne quelque 60 % de tous les demandeurs d’asile » : « Ce sont des personnes dont on peut supposer qu’elles n’ont aucune raison de demander un statut de réfugié. »
Gageons que l’Union européenne utilisera toutes ces informations pour demander davantage de pouvoir centralisé afin de faire face à ces problèmes dont elle a favorisé l’émergence.