La prestigieuse institution américaine « The Smithsonian Institute », à la fois musée et centre de recherche scientifique, participe à l’entretien de la « grande peur » des années 2000. On nous annonçait le réchauffement climatique, la montée des mers, la famine et les épidémies, mais c’est encore bien trop peu que tout cela : dimanche soir, la chaîne télévisée Smithsonian diffusait un documentaire maison au titre évocateur, Extinction de masse : la vie au bord du gouffre. Mais oui, c’est la prochaine étape : à cause de l’homme, il n’y aura bientôt quasiment plus de vie sur terre. Faites quelque chose !
L’homme responsable de la disparition de la vie sur terre
La docufiction (pardon, le documentaire) diffusée dimanche soir par le Smithsonian Channel fait le tour des « extinctions de masse » que la Terre a déjà vécues, et annonce la prochaine. Les termes désignent une disparition massive et rapide d’un grand nombre d’espèces, végétales ou animales, qui peuplent la planète. Il y en aurait déjà eu cinq, d’après les géologues et autres spécialistes de la préhistoire, attribuées à des causes aussi diverses que cataclysmiques : un astéroïde qui heurte la terre avec la puissance de « centaines de millions de bombes nucléaires » ou encore l’éruption d’un volcan géant. Aujourd’hui l’homme y supplée – d’après le Smithsonian.
Un « documentaire » qui emprunte à la science-fiction
A l’aide d’images effrayantes (assistées par ordinateur), Extinction de masse fait le portrait de deux de ces événements tels que les voient aujourd’hui les scientifiques. Les amateurs de science-fiction s’y trouveront à l’aise : c’est un registre que maîtrise bien le cinéma. A l’évidence, il s’agit de remonter un peu la pente de l’incrédulité qu’un grand nombre d’Américains et autres opposants aux prophètes de malheur pour qui l’avenir est fait d’une montée de chaleur tellement terrible qu’elle provoque même la glaciation inédite du Pôle Sud et des tempêtes de neige sans pareil en Amérique du Nord…
Il faut faire peur ! Le documentaire du Smithsonian s’appuie sur ces « extinctions de masse » (qui ont tout de même abouti à la planète que nous connaissons aujourd’hui, avec sa beauté, son harmonie, ses horizons majestueux et sa vie foisonnante) pour montrer une désolation sans fin. Il suffit d’attendre et de ne rien faire pour que notre demain – demain dans quelques années, à l’échelle plus qu’humaine – ressemble à ces paysages lunaires où la lumière du soleil ne pénétrera plus. Et nous ne serons même pas là pour le voir. Tous morts.
Le Smithsonian annonce la mort à grande échelle
« Certains experts », annonce prudemment le Science Recorder, pensent que cette nouvelle « extinction de masse » causée par les humains « pourrait » être la prochaine. En voilà assez pour déclencher la machine à faire peur. C’est depuis 1800 et la Révolution industrielle que la « surpêche », la « surexploitation » des ressources, l’agriculture qui empiète sur les espaces naturels des espèces différentes de la nôtre causent des dégâts : « Essentiellement, cela a fait disparaître des animaux par le biais du conflit, de la chasse ou de la moisson : nous sommes sur ce chemin-là », assure Sean Carroll, biologiste de l’évolution et narrateur du documentaire du Smithsonian.
On sort de l’heure de visionnage avec une idée en tête : il faut gagner du temps, préserver la nature, arrêter l’homme de se comporter aussi mal qu’un volcan mal embouché… Il faut (c’est Carroll qui souffle la solution), grignoter des solutions, agir sans attendre les accords sur le climat, renforcer les réserves marines et naturelles qui existent déjà, peut-être étendre leur emprise et leur nombre. Un message, en fait, un seul : la Terre n’est pas faite pour les hommes, mais l’homme pour la Terre, et il passe d’autant mieux qu’il joue sur la crainte de chacun de voir son confort disparaître.