Au lendemain de la proposition de Donald Trump d’interdire l’accès des Etats-Unis à tout musulman, un tollé international contre le candidat à la primaire républicaine s’est installé. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a dénoncé le caractère « frelaté » et « contre-productif » d’une telle proposition, alors que son homologue français, Manuel Valls, a tweeté que Donald Trump ne faisait qu’alimenter la haine, martelant que « notre seul ennemi est l’islamisme radical ». Bien que le candidat républicain ait précisé qu’il ne s’agirait que d’une mesure temporaire qui ne s’appliquerait pas aux ressortissants américains, la condamnation est mondiale, et pas seulement parmi les musulmans, notamment sur les réseaux sociaux.
Donald Trump, traité d’« extrémiste fou » après sa proposition d’interdire l’accès des musulmans
Les qualificatifs fusent de toutes parts pour décrire le comportement de Donald Trump : « islamophobe », « fou », « irresponsable », « pire que Voldemort » (pour l’auteur de Harry Potter), « extrémiste », voire abominable. Pour les Européens, son populisme confine au « fascisme » et exprime une volonté affichée de prêcher la haine envers les religions. Pour Charles Grant, directeur du Centre pour la réforme européenne de Londres, les déclarations de Donald Trump trahissent « son ignorance des enjeux mondiaux, contrastant parfaitement avec Marine Le Pen, par exemple, dont les propos peuvent paraître alarmistes, sans toutefois remettre en cause les bases de la tolérance religieuse ».
Pour le professeur de sciences politiques Rachid Tlemcani, de l’université d’Alger, Donald Trump joue un jeu dangereux qui « pourrait pousser les jeunes gens vers l’Etat islamique » au risque de déclencher des actes de violence contre les Etats-Unis. Et de rappeler que « pour beaucoup au Moyen-Orient, les Etats-Unis sont la destination ultime si la situation venait à se dégrader, dans la mesure où ils sont considérés comme le pays de la liberté ».
Le monde arabe s’inquiète des propos antimusulmans de Donald Trump à l’approche des élections présidentielles. Ils jettent un doute selon lui quant à la possibilité d’une nouvelle orientation de l’implication des Etats-Unis dans cette partie du monde.
Aux Etats-Unis, un moratoire moins contesté des Républicains
Si l’opposition se fait clairement sentir sur la scène internationale, Donald Trump n’en compte pas moins de fervents partisans, à commencer par ceux qui perçoivent la menace terroriste qui s’abat sur le monde, associée à l’islamisme radical. S’ils peuvent être américains pour partie, notamment chez les Républicains, ils sont aussi français. On en veut pour preuve les résultats du FN de Marine Le Pen arrivé en tête au premier tour des élections régionales. Cette vague nationaliste et anti-immigrationniste relie Paris à Budapest, depuis que l’afflux massif d’immigrants illégaux en majorité musulmans est perçu comme une menace pour l’identité chrétienne de l’Europe.
Même Weibo, le cousin chinois de Facebook, laisse paraitre un élan de compréhension vis-à-vis de la proposition du candidat à l’investiture. Il est vrai que l’ethnie ouighoure, de confession musulmane, suscite des craintes, eu égard à ses revendications parfois violentes. Comme le dit Shen Dingli, professeur de relations internationales à l’université Fudan de Shanghai, « la façon de voir de M. Trump envisageant l’option de “sécurité maximale” a touché une corde sensible chez beaucoup de Chinois, qui vivent dans une société très conservatrice ».
Tollé international contre Donald Trump
Après avoir décrié la proposition de M. Trump, les Républicains bien établis accordent progressivement un certain crédit à la proposition de leur confrère d’instaurer un moratoire sur l’immigration. Le magnat de la presse britannique, Rupert Murdoch, y est même allé de son tweet pour affirmer qu’une pause est nécessaire, tant que le processus de filtrage des immigrés ne sera pas opérationnel.