Donald Trump vient d’allonger sa liste de nominations potentielles à la Cour suprême des Etats-Unis, qui atteint désormais 19 noms, ce qui a pour effet d’ouvrir le jeu de la campagne. En même temps le candidat à la présidence des Etats-Unis s’est offert le luxe d’y faire figurer le sénateur de l’Utah, Mike Lee, très conservateur, élu sur la vague des Tea Parties – qui continue de lui refuser son soutien et qui se concentre, selon son directeur de communication, sur sa réélection à son poste à Washington. Quoi qu’il en soit, la composition future d’une Cour suprême qui fonctionne actuellement à huit juges sur neuf, dont certains qui prennent sérieusement de l’âge, est un des éléments clefs de la campagne et même de la présidence à venir. Tout laisse penser que le prochain occupant de la Maison-Blanche aura à nommer non pas un, mais plusieurs nouveaux juges de cette institution qui au fil des ans, a pris une place prépondérante sur bien des questions fondamentales, dont de pouvoir législatif se trouve ainsi écarté.
Donald Trump ravit les conservateurs avec sa liste pour la Cour suprême
Au fil des ans, la Cour suprême s’est arrogée un droit d’interprétation « créative » qui fait évoluer le sens de la Constitution américaine dans des directions que ses rédacteurs n’auraient certainement même pas pu imaginer. Ce n’est pourtant pas son rôle : il lui appartient de juger strictement et en droit, conformément aux intentions du législateur.
Comme le note John Malcom, de la Heritage Foundation, groupe d’influence conservateur, au moins quatre des juges actuels sont enclins à imposer leur propre point de vue et leur préférence politique au lieu de s’en tenir au texte ; et comme le soulignait feu le juge Antonin Scalia, tous les juges constitutionnels de son époque avaient fait leurs études dans les plus prestigieuses universités, à Harvard et Yale, et quatre sur neuf étaient natifs de New York. L’immense majorité a vécu et travaillé dans les zones côtières de l’est et de l’ouest des Etats-Unis, est connue pour être les plus « avancées », les plus riches. Une élite très « typée »…
La nouvelle liste de Donald Trump est au contraire très diverse sur le plan géographique et comprend de nombreux juges ayant une expérience non fédérale : ainsi, elle cite quatre juges de cours suprêmes des Etat de l’Iowa, de la Georgie, du Michigan et de la Floride, la plupart des autres ayant une expérience des circuits judiciaires internes aux Etats. C’est une bonne nouvelle pour le respect du fédéralisme américain, selon The New American.
Des juges de métier sur la nouvelle liste de Donald Trump
Il semble que Trump veuille rassurer son électorat conservateur après la fausse nouvelle d’une possible nomination du fondateur milliardaire de PayPal, Peter Thiel. En choisissant de s’inscrire dans une tradition fédéraliste, avec des juges plutôt enclins à respecter la lettre de la Constitution, il envoie un signal clair.
Parmi les candidats potentiels à la cour suprême, on note la présence d’un opposant actif à l’euthanasie, Neil Gorsuch, une « vétérane » des Marines, Margaret A. Ryan, un juge qui s’est battu jusqu’au bout pour faire reconnaître l’inconstitutionnalité de l’Obamacare et chaud partisan du droit de porter les armes, Keith Blackwell.
Le choix de Donald Trump de livrer tous ces noms est inédit ; Hillary Clinton ne l’a pas fait et cela la place du coup en porte-à-faux par rapport au candidat républicain. Avait-il réellement le choix ? Les variations de son discours et l’impression qu’il donnait de savoir défendre tout et son contraire au cours de la campagne pour la nomination républicaine pouvaient inquiéter l’électorat de droite, poussant Trump à invoquer désormais fréquemment sa volonté de nommer un juge conservateur en remplacement de Scalia, et de faire pencher la Cour suprême à droite.
Des nominations forcément très politiques
La publication de la seconde liste a valu à Trump le soutien de son rival malheureux, Ted Cruz, qui l’a cité parmi les six raisons qui l’ont fait changer d’avis. Mais il est vrai que Cruz a été surtout impressionné par le choix de Mike Lee qui ne semble en aucun cas vouloir siéger à la Cour suprême.
La publication de cette liste engage-t-elle Trump s’il est élu en novembre ? Sans doute pas. Mais elle a son importance dans une entreprise démocratique qui relève de plus en plus du marketing.