Le Musée d’Orsay, le Musée d’Art de la période 1830-1914 en France, propose, bien dans son champ défini, une exposition majeure sur le Douanier Rousseau (1844-1910). Le propos est véritablement de définir, ni plus ni moins, l’art du Douanier Rousseau. L’approche du Douanier Rousseau, l’innocence archaïque est à la fois biographique et thématique. De nombreux tableaux du Douanier Rousseau, dont beaucoup venus de l’étranger, de toute l’Europe et d’Amérique du Nord, sont proposés et comparés à d’autres œuvres. Ces dernières sont données pour des sources d’inspiration : des artistes antérieurs, notamment de la Renaissance italienne, ou des artistes contemporains du Douanier Rousseau, des académiques –paradoxalement peut-être, ses préférés – aux pointillistes ; d’autres sont indiquées comme des prolongements de l’œuvre du Douanier Rousseau.
 
Ce discours est-il pertinent ? Il nous semble que oui indiscutablement pour les peintures anciennes, leur caractère parfois archaïque – d’où le titre de l’exposition – pouvant être rapproché du caractère fondamentalement naïf de l’art du Douanier Rousseau. Les deux termes sont donnés comme synonymes, ce qui mériterait bien des discussions, sans être manifestement faux. Ses contemporains ont donné des thèmes au peintre naïf, tandis que sa technique ou son approche des sujets lui appartiennent à lui seul : par exemple, la vision pointilliste de la Seine de Seurat, si lumineuse et subtilement composée, est, selon nous, infiniment plus belle et intéressante que celle du Douanier Rousseau, finalement assez plate et ne comportant rien de pointilliste. Quant à la succession supposée au XXème siècle, on ne peut l’exclure, car en effet via des livres de reproductions en noir et blanc, les œuvres du Douanier Rousseau ont été largement diffusées. Toutefois, y-a-t-il là un apport majeur à l’Art, à la recherche du Beau ? Ce n’est pas évident. Une petite-fille monstrueuse du muralisme mexicain rappelle en effet ce que le Douanier Rousseau a pu faire de plus laid…
 

Douanier Rousseau, l’innocence archaïque : un grand intérêt pour l’Histoire de l’Art

 
Dans son ambition de présenter la totalité de l’œuvre du Douanier Rousseau, objectif atteint, abondent les portraits et représentations humaines effectuées par l’artiste. Si son célèbre autoportrait à Paris possède un charme certain, la plupart de ces tableaux sont laids. Même les enfants et leurs poupées font peur. Que penser de la muse quasi-moustachue couronnant un poète massif ? Ces portraits, déclarés ou à clefs, ne flattent vraiment pas les modèles. Selon nous, il réussit bien mieux les animaux, ceux de la campagne française, chats, chiens, chevaux, ou ceux exotiques de ses tableaux de jungles. Ces dernières constituent véritablement le sommet de son art particulier, et font l’essentiel de son intérêt, comme de la visite de l’exposition pour le pur esthète.
 
Douanier Rousseau, l’innocence archaïque possède un grand intérêt pour l’Histoire de l’Art. Toutefois, s’il ne s’agit ni d’un inconnu ni d’un marginal, le Douanier Rousseau n’est pourtant pas un artiste absolument majeur. Enfin, détail qui peut être pénible, la foule trop dense à Orsay peut gâcher quelque peu le plaisir de la visite.
 

Hector JOVIEN

Musée et expositions

Ouverture de 9h30 à 18h 

le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche

de 9h30 à 21h45 le jeudi

vente des billets jusqu’à 17h, 21h le jeudi

évacuation à partir de 17h15, 21h15 le jeudi

groupes admis sur réservation uniquement du mardi au samedi de 9h30 à 16h, jusqu’à 20h le jeudi

Fermeture tous les lundis 

et les 1er mai et 25 décembre. Plein tarif :12 €