A l’occasion d’une réunion du conseil des gouverneurs à Naples, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a déclaré jeudi que « certains » pays de la zone euro doivent clairement accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles. Interrogé sur la question particulière de la France, il s’est contenté de dire « faire confiance » à son gouvernement « pour prendre toutes les mesures nécessaires en termes de réformes ». On ne peut pas dire que l’expression soit… enthousiaste.
Sa confiance paraît d’ailleurs assez limitée, si on en croit une petite phrase, une petite remarque : les pays qui ont déjà commencé dans cette voie « ne doivent pas détricoter les progrès déjà faits ». Le message est clair !
Car Mario Draghi considère que, malgré la politique monétaire accommodante de la BCE – certains politiques ont dû s’étrangler en entendant évoquer la « flexibilité » des règles européennes –, ces réformes ne sont pas assez rapides. Il a ainsi cité le marché du travail et celui de la production, et le respect du Pacte de stabilité et de croissance – dis ! Hollande, pourquoi tu tousses ?
L’appel à accélérer les réformes structurelles essouffle les marchés
Le moins que l’on puisse dire est que ce ton de pion n’a pas encouragé les investisseurs, qui espéraient au moins un coup de pouce similaire à celui du mois dernier, lorsque le président de la BCE avait annoncé une baisse de ses taux directeurs.
Aujourd’hui, rien ! Si ce n’est, en réaction, une baisse immédiate de la Bourse de Paris de 2,81%… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le doute des marchés persiste.
Le prix de la confiance
Une situation qui ne devrait guère évoluer dans les semaines, voire les mois à venir. Chez certains analystes, on commence à évoquer le « moment de Minsky », c’est-à-dire celui où les investisseurs n’auront plus d’autre moyen, pour payer les intérêts de leur dette (on ne parle même plus du principal), que de revendre massivement. Un mécanisme qui provoquerait LA crise que tous redoutent.
Quand se produira-t-il ? Chacun l’ignore, mais connaît la réponse de principe : quand la confiance sera définitivement épuisée. Pour certains, son prix tourne aujourd’hui autour de 2.500 milliards de dollars annuels. Quelle planche à billets en est aujourd’hui capable ? Mario Draghi ne semble pas capable de répondre à la question. Pas plus que les autres…