La légalisation du « mariage » des couples de même sexe aux Etats-Unis n’est pas un aboutissement : c’est un début. Les revendications du lobby LGBT sont très loin d’être épuisées – au contraire, la victoire obtenue devant la Cour suprême à travers Obergefell v. Hodges aura donné une nouvelle impulsion aux exigences des « lesbiennes, gays, bi et trans ». Ce sont ces derniers qui sont au premier rang médiatique à travers les faits divers, les séries télévisées et les affaires judiciaires, mais il y a un autre front que les activistes ont mis sur le devant de la scène : les droits des LGBT dans le monde du travail. Le Huffington Post vient ainsi de publier un appel aux grands groupes globaux afin qu’ils assurent l’« inclusion » des homosexuels et autres non hétéros partout dans le monde…
La tribune a paru mardi sous la plume de Cynthia Marshall, vice-présidente de AT&T, responsable de la « diversité » au sein du groupe mondial. Soulignant que les Américains passent « 90.000 heures de leur vie » dans le cadre du travail, elle dénonce les « 28 Etats des Etats-Unis » qui n’interdisent pas explicitement la discrimination à raison de l’orientation sexuelle dans le domaine de l’emploi.
Contre la discrimination et la pénalisation des LGBT, le monde du travail appelé à la mobilisation
A quoi s’ajoutent, selon une enquête réalisée en mai dernier par l’International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Assocation, les 75 pays où les actes homosexuels demeurent punis par la loi – dans 8 d’entre eux, c’est même la peine de mort qui est encourue.
« Les sociétés multinationales, grâce à leur envergure globale et à travers leur impact immédiat sur les vies des travailleurs, sont bien placées pour aider à déplacer le curseur des droits LGBT. Les entreprises qui comprennent les besoin de leurs employés mettent souvent en place des politiques avant même que les gouvernements les codifient. Les partenariats civils ont ainsi été reconnus par de nombreuses compagnies avant que d’être mis en place par des lois étatiques », constate Cynthia Marshall – pour elle, la « Génération du Millénaire » pousse en ce sens en demandant toujours davantage d’« égalité ».
Il appartient désormais au secteur privé de mutualiser ses ressources afin de réclamer le changement d’« une seule voix », dit-elle. Cela a commencé en septembre lors de la rencontre annuelle du Clinton Global Initiative
Une quinzaine de sociétés multinationales, depuis AT&T jusqu’à MasterCard en passant par Google, IBM et LinkedIn, ont à cette occasion créé une coalition « Open for Business » (04B) dont l’objectif est de promouvoir les droits LGBT dans le monde du point de vue des affaires et de l’économie.
De grands groupes globaux se mobilisent déjà pour les droits LGBT
Inévitablement, O4B a récemment présenté un rapport démontrant que le monde des affaires bénéficie des pratiques « inclusives » : plus « innovantes », animées d’un meilleur « esprit d’entreprise », les sociétés qui reconnaissent les droits LGBT attirent de meilleurs collaborateurs et les retiennent plus facilement.
Si vous avez deviné dans l’expression de ces « plus » une tendance à suggérer que les employés LGBT sont plus innovants, plus ambitieux, plus doués que les autres, c’est sans doute que vous souffrez de préjugés indécrottables…
Quoi qu’il en soit les leaders de ces entreprises entendent bien prêcher la bonne parole partout dans le monde afin que les responsables du monde des affaires soient partout « conscientisés » sur l’importance du sujet des droits LGBT, y compris pour leur portefeuille.
L’autre engagement s’est fait autour d’une nouvelle association de grands groupes agissant pour la « protection » face à la discrimination globale. Le Business Coalition for Global Workplace Fairness (Coalition du monde des affaires pour l’équité globale au travail) vise à diffuser de bonnes pratiques et à offrir aux entreprises du monde une plateforme globale en vue de former un front uni en faveur des travailleurs LGBT dans les « environnements hostiles », le tout en collaboration avec l’ONG Human Rights Campaign.
On y retrouve notamment Google, Procter & Gamble, Symantec Corp. et bien d’autres. Autant de sociétés à l’activité desquelles il est aujourd’hui bien difficile d’échapper dans la plupart des pays, même les plus reculés.
« Il est temps désormais pour que le secteur privé fasse son “coming out” afin d’améliorer les conditions d’existence de la force de travail LGBT », conclut Cynthia Marshall, en appelant tous les autres grands groupes à rejoindre l’initiatve soutenue par AT&T.
L’activisme LGBT ne manque décidément pas de fonds.