L’Europe du Nord et le Royaume-Uni sont actuellement en plein phénomène de « Dunkelflaute », ce terme inventé dans le secteur des énergies « renouvelables » (pas toujours !) pour désigner une période de très faible production d’énergie solaire et éolienne en raison de la « grisaille anticyclonique ». La couverture nuageuse importante qui bloque le soleil, associée au manque de vent met pour ainsi dire à l’arrêt les turbines et réduit drastiquement le rendement des panneaux photovoltaïques. On parle de « sécheresse énergétique » : il faut alors revenir aux modes de production à l’ancienne qui ne dépendent pas des aléas climatiques. En payant le prix, bien sûr : pour éviter de plonger toute une région dans le noir, il faut prévoir des centrales de secours et augmenter la capacité théorique des « renouvelables », non stockables à grande échelle, pour être sûr de pouvoir répondre à la demande. Aberrant.
Le « Dunkelflaute » rend l’électricité chère en Belgique
En Belgique, apprenait-on mercredi, le « Dunkelflaute » en cours a fait grimper le prix de l’électricité sur les marchés de gros : cela fait plusieurs jours que les cours sont à leur plus haut niveau depuis plus d’un an, dépassant largement les 100 euros par mégawattheure : ce jeudi, les livraisons coûteront 129 euros par MWH avec un pic à 233 euros entre 18h00 et 19h00. Forcément, ces prix seront d’une manière ou d’une autre répercutés sur le client final via les factures des distributeurs d’autant que la centrale nucléaire de Doel 4 est actuellement arrêtée pour maintenance. La situation change évidemment de jour en jour et même d’heure en heure : c’est pourquoi on parle pour l’éolien et le solaire d’« énergie fatale », c’est-à-dire dépendante du sort…
Au Royaume-Uni, mardi, le « Dunkelflaute » a fait plonger les rendements des champs d’éoliennes jusqu’à réduire leur production à 3 ou 4 % de la demande d’électricité nationale aux heures de pointe du matin et du soir : il a fallu remettre en route des centrales au gaz pour assurer 60 % de la demande, le reste étant couvert par les centrales nucléaires et de biomasse, la production solaire et les importations.
En Allemagne, pays dont on a banni le nucléaire et où les « renouvelables » produisent en théorie 56 % de l’électricité, l’éolien ne fonctionnait qu’à 7 % de sa capacité nominale, et les opérateurs ont dû remettre en route des centrales au charbon, mises en chauffe par précaution. Celles-ci ont assuré 30 % de la demande matinale, 18 % étant fournis pas le gaz et 12 % des centrales photovoltaïques.
L’énergie renouvelable ne se renouvelle pas quand manquent le soleil et le vent
Au Royaume-Uni, l’opérateur national des systèmes énergétiques, NESO, vient justement de réaliser un rapport détaillant la manière dont le gouvernement pourra atteindre ses objectifs d’énergie « propre » d’ici à 2030. Il faudra un effort « herculéen », assure le rapport publié lundi : doublement de l’éolien terrestre, triplement de l’éolien maritime, quadruplement de l’énergie solaire, et tout cela en l’espace de cinq ans. L’idée est de prévoir assez de « renouvelables » pour qu’on ait toujours suffisamment de capacité résiduelle pour passer les jours les plus sombres ou les moins venteux. En clair : mettre en place un système surdimensionné, avec tous les coûts que cela entraîne, pour espérer contrer les caprices du temps.
Mais cela ne sera pas suffisant, prévient NESO : il faudra y ajouter des centrales nucléaires et augmenter de manière drastique le nombre de batteries (si peu « écologiques ») pour le stockage, et ajouter des milliers de kilomètres de nouveaux câbles et de pylônes pour tout mettre en réseau, et – tout de même – garder des centrales au gaz en système de secours pour pouvoir produire jusqu’à 5 % de l’électricité totale.
Une dernière variable – celle de la consommation – est enfin citée par le rapport, et il n’est pas du tout exclu de l’ajuster en fonction des besoins : on prévoit d’augmenter fortement la « flexibilité » de la demande en demandant aux particuliers et aux entreprises de réduire fortement leur consommation au moment des baisses de production ou de l’augmentation de la demande, par la mise en place de tarifs incitatifs ou de hausses importantes des prix aux moments de forte demande. Cela concernera les foyers, invités à faire tourner les machines à laver et autres engins domestiques et à charger leurs véhicules électriques à certaines heures seulement, mais aussi les usines.
L’électricité éolienne et photovoltaïque coûte cher, et il n’y en a pas assez
Le rapport évoque également la mise en place de tarifs régionaux pour l’électricité.
Le rapport parle d’une « occasion en or » non seulement pour rendre l’énergie plus propre (en polluant les horizons et en multipliant les scories dans les campagnes et en mer) mais aussi pour assurer l’indépendance énergétique du Royaume-Uni. Dommage que celui-ci ne puisse plus développer son exploitation pétrolière en Mer du Nord : c’est politiquement incorrect et cela suffit pour prendre des solutions, quelles que soient les souffrances des populations.
On fait même des livrets de morale à ce sujet pour les enfants. Un petit album, Dunkelflaute, a été publié en Angleterre pour les 3-5 ans, sa couverture pastel rose et bleu ornée des deux héros : une « jeune et courageuse éolienne » et un goéland non moins « brave ». La première qui produit (courageusement) de l’électricité pour le voisinage voit ses pales s’arrêter à cause d’un « Dunkelflaute » et ne sait vers qui se tourner. Surgit le courageux goéland qui trouve une solution astucieuse : aller demander de l’aide au vent du Nord !
Où l’on voit que les séides des aéromoteurs ne craignent pas d’en rester à la pensée magique, en laissant les petits croire qu’il est possible de commander au vent…