Depuis la tuerie raciste qui a emporté neuf vies dimanche dans une église de Charleston en Caroline du Sud fréquentée par les Afro-Américains, la presse mondiale s’est focalisée sur le drapeau sudiste affectionné par le jeune Dylann Roof. Les couleurs confédérées ne flottent plus sur les bâtiments publics de l’Etat, et nombre de marchands l’ont retiré de leur catalogue. D’autres incriminent le port d’armes. Mais – demande MercatorNet – n’est-on pas en train de passer à côté d’un élément essentiel ? Dylann Roof vient d’une famille brisée, c’est un enfant du divorce. Comme plusieurs jeunes tueurs en série qui ont défrayé la chronique aux Etats-Unis ces dernières années, il n’a pas bénéficié de l’environnement structurant d’une famille unie. Seuls quelques journaux en parlent.
Dylann Roof est né en 1994 dans un foyer qualifié de « tumultueux » par ceux qui se sont tout de même intéressés à son enfance. Ses parents s’étaient séparés quatre ans plus tôt, ils étaient officiellement divorcés depuis trois ans, mais s’étaient retrouvés assez longtemps pour concevoir ce deuxième enfant. Alors que le père ne donnait pas un centime pour la sœur aînée du garçon, confiée à la garde de sa mère, Dylann devait vivre auprès de son père biologique et de sa deuxième femme ; Amber, la grande sœur, les rejoignit.
Le tueur raciste de Charleston est-il passé à l’acte à cause des drapeaux sudistes ?
Cette deuxième union devait se briser violemment lorsque Dylann avait 14 ans, en pleine adolescence. Le divorce fut prononcé en 2008, notamment au motif des agressions physiques dont sa belle-mère avait été victime. C’est le moment où Dylann a cessé d’aller à l’école. C’était la seconde femme de son père qui s’était occupée des enfants de sa première union, et elle a continué de le faire après la séparation. Il n’empêche : Dylann, deux fois saccagé par des divorces, a passé ses années d’adolescence auprès d’une mère seule.
Les études sur les enfants agressifs, qui une fois adultes ont plus de risques de comportements délinquants et violents, ont révélé le lien qui existe entre l’absence de mariage ou les mariages brisés et leurs multiples problèmes.
Dylann Roof, enfant du divorce, ballotté dans sa famille brisée, adepte des jeux vidéo
Une étude de Towson University dans le Maryland s’est ainsi intéressée aux parcours de 701 garçons et 708 filles de Baltimore. Il en ressort que chez les garçons, un « fort taux de violence dans le quartier, un nombre élevé d’hommes jeunes et célibataires et de familles monoparentales dont le chef est une mère seule sont liés à une augmentation des comportements agressifs ».
Le Wall Street Journal présente Roof comme issu d’une famille de classe moyenne « stable » dont le parcours – abandon de l’école et dérive raciste – est « incompréhensible ». Il le décrit pourtant comme « partagé » entre les maisons de sa belle-mère et de son père, adepte des jeux vidéo, sans direction dans sa vie.
Ce n’est pas le fait de ramener quelques drapeaux sudistes qui va mettre fin à ce type de parcours fracassés qui portent si gravement atteinte aux âmes des enfants.