La presse irlandaise évalue à 50.000, voire 100.000 le nombre de manifestants, mercredi à Dublin, contre la facturation de l’eau, assimilée à une nouvelle taxe, qui doit entrer en vigueur en 2015. Jusqu’ici l’eau a toujours été gratuite en Irlande. La mesure a été prise par le gouvernement dans le cadre du plan d’austérité mis en place dans la foulée de la crise de 2008 et en constitue l’un des derniers volets.
La mobilisation est d’autant plus spectaculaire que le gouvernement a déjà, devant l’impopularité de la facturation de l’eau, consenti à revoir à la baisse les tarifs initialement prévus, et promis de les maintenir à un niveau bas jusqu’en 2019.
Coincé entre sa volonté de réduire la pression de l’impôt sur le revenu – élément de poids en vue des élections de 2016 – et la nécessité de trouver des fonds pour compenser le poids de la gigantesque dette, le gouvernement de l’Irlande se voit obligé de jongler entre les deux « robinets » au risque de mécontenter tout le monde.
L’eau, un « droit humain » ou problème pour l’Irlande
Qualifiant l’eau de « droit humain » (c’est ce qu’affirme une récente résolution de l’ONU), les protestations ont dénoncé une mesure qui touchera aussi bien les plus riches que les petits employés et les chômeurs dans un contexte de l’emploi déprimé. Leurs porte-paroles affirment que tous les Irlandais paient déjà l’eau à travers les impôts. Selon la composition de la famille, la facturation plafonnerait à 160 € pour un célibataire et à 260 € pour un foyer comportant plusieurs adultes, quels que soient leurs niveaux de revenus, en attendant d’être probablement augmentés en 2019. Elle ne serait pas compensée par une baisse des impôts qui actuellement financent la distribution de l’eau.
Les manifestations de mercredi ont pacifiquement bloqué la capitale de l’Irlande toute l’après-midi avant de s’achever sur des heurts avec les forces de l’ordre.
Le ministre de la Santé, Leo Varadkar du Fine Gael, a déclaré à leur propos : « Je sais que ce n’est pas politiquement correct mais je suis obligé de le dire. (…) Cela me gêne vraiment que des gens protestent contre 3 € par semaine de facturation d’eau. Nous avons des problèmes bien plus importants dans notre société. »
Le plus important d’entre eux étant sans doute la dépendance à l’égard des banques et des exigences de l’Union européenne, mais il ne l’a pas précisé.