L’ébullition climatique selon Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

ébullition climatique Guterres ONU
 

Vous avez appris à détester le « réchauffement climatique » ? Vous n’avez encore rien vu. Sous prétexte qu’il a fait un peu plus chaud que d’habitude dans certaines régions bien circonscrites du globe terrestre, et que des incendiaires ont allumé des feux de forêt, ce qui relève du crime et non de la température extérieure, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a inventé un nouveau concept qui fait peur : « l’ébullition climatique ». C’est un peu tôt, même à l’aune des alarmistes ; il va falloir faire preuve d’une drôle d’inventivité lorsque – si le réchauffement s’installe vraiment, ce qui n’est pas du tout acquis – on produira de nouveau du vin blanc dans des régions plus nordiques. Que dire alors ? Barbecue climatique ? Plus-chaud-que-l’enfer climatique ?

L’ébullition globale, on l’imagine fort bien, mais force est de constater qu’on ne la voit pas. Normal, finalement ; pas plus tard qu’en 2013, des scientifiques relâchaient leurs prédictions quant au moment où la terre, dont l’orbite se rapprocherait du soleil, deviendrait totalement hostile à la vie. Entrant dans une zone plus chaude, elle quitterait l’étroite « bande habitable »  où l’eau et l’atmosphère indispensables à la vie peuvent coexister. Plus loin, le froid empêche la vie ; plus près, la chaleur fait évaporer les océans et l’effet de serre lié à l’abondante vapeur d’eau accentuerait encore la chaleur, puis l’évaporation. Ils pensaient précédemment que la limite intérieure de cette zone « Boucle d’Or » – ni trop froide, ni trop chaude – se situait à 99 % de notre distance actuelle du soleil. Les nouvelles estimations ajoutent 4 % : le seuil fatidique pour la subsistance de l’eau à l’état liquide ne sera franchi que lorsque la terre sera à 95 % de sa distance actuelle du soleil. 

 

L’ébullition globale n’est pas pour demain, n’en déplaise à Guterres

Bref, Guterres ne craint pas le ridicule. Portant costume-cravate sans pour autant fondre sous l’effet de la chaleur si décriée, la respiration normale et le poil sec, Guterres a salué l’arrivée de l’« ère de l’ébullition globale », déclarant : « L’air est irrespirable, la chaleur insupportable. »

Il doit y avoir un os : sur cette planète hostile, la population continue de croître, imperturbablement, ce qui peut davantage irriter Guterres, soit dit en passant, qu’un coup de chaud localisé.

Le monde brûle-t-il ? Eh bien, le nombre d’hectares brûlés annuellement a beaucoup baissé ces dernières décennies et l’été 2023 a vu des incendies nettement inférieurs à la moyenne en Europe, même si le printemps en a vu davantage. Au niveau mondial, la tendance reste à la baisse, note Ross Clark dans l’article cité, et il est des lieux où les risques sont moindres alors que l’on y observe une pluviométrie en hausse.

 

La grande peur climatique entretenue par l’ONU en panne d’hyperboles

Les feux sauvages – déclenchés par la foudre – sont aussitôt combattus et éteints avec une efficacité croissante. Résultat, le nettoyage naturel assuré par les feux de forêt est moins assuré, le bois mort s’accumule au sol, notamment dans les forêts américaines, et si un gros feu finit par se déclencher, l’incendie devient plus difficile à contrôler.

Plutôt que de parler d’« ébullition », il faudrait donc tempérer le propos, de la même manière que la météo a « tempéré » au mois de juillet le mercure en Bretagne, en Normandie et ailleurs en Europe du Nord où pluie et fraîcheur ont quelque peu gâché les journées des vacanciers.

Le même Ross Clark raconte qu’il a écrit il y a trois ans un roman satirique futuriste sous le titre The Denial (« Le Déni ») où un gouvernement ne cesse de modifier le nom de son « ministère du changement climatique » pour mieux affoler le quidam : on y passe de la « crise climatique » à « l’urgence climatique », puis au « cataclysme », à « l’apocalypse » et à « l’Armageddon ». Guterres l’aurait-il lu ?

 

Anne Dolhein