L’initiative écologiste « Ecopop » visant à limiter fortement le solde migratoire en Suisse et à augmenter la pression en faveur du contrôle de la population dans les pays pauvres à forte natalité, a été rejetée par plus de 74% des Suisses. Les initiateurs de votation de dimanche eux-mêmes ont préféré faire profil bas, aussi loin que possible des yeux du public et même des médias. Pourquoi ? Parce que le vrai sujet du referendum n’était pas l’immigration, malgré les apparences, mais la décroissance. La pression qui s’exerce dans le monde entier pour limiter le nombre des naissances a été sentie et rejetée par la Suisse.
Une votation contre l’immigration
« Xénophobe », « raciste », les critiques n’ont pourtant pas manqué face au propos d’Ecopop de mettre une limite légale à la part du solde migratoire dans la croissance de la population (0,2 %), le niveau de population en Suisse devant, lui, être contrôlé par les autorités fédérales. Au nom de l’écologie, il s’agissait globalement de maîtriser la croissance en limitant celle de la population et même, comme ne l’ont pas caché les partisans de l’initiative, de favoriser la décroissance chère à la Deep Ecology. Par sa formulation, Ecopop semblait en vouloir autant aux Suisses qu’aux étrangers, autant aux immigrés d’origine européenne qu’à l’immigration venue des pays cibles de la « coopération internationale au développement ».
Ecopop et la planification familiale
Derrière le contrôle de l’immigration, qui a déjà fait l’objet d’une votation à l’initiative de l’UDC conservatrice, derrière même les relations de la Suisse avec l’Union européenne qui lui envoie un nombre croissant de travailleurs, il y avait en effet cette proposition : « Sur l’ensemble des moyens que la Confédération consacre à la coopération internationale au développement, elle en affecte 10 % au moins au financement de mesures visant à encourager la planification familiale volontaire. »
Qu’ont rejeté d’abord les Suisses : la limitation arbitraire de l’immigration, le contrôle de la population en Suisse ou dans le monde ? On peut noter que la section valaisanne de l’UDC, hostile à l’immigration incontrôlée, a rejeté Ecopop qui serait, expliquait Oskay Freysinger début novembre, « une bombe nucléaire pour l’économie suisse » ; une autre responsable soulignait que des branches plus faibles de l’économie, qui peinent à trouver de la main-d’œuvre, seraient les premières affectées. Freysinger notait : « Qu’est-ce que les autres partis ont fait pour limiter l’immigration ? L’UDC a présenté des réponses. Par exemple, l’initiative pour l’expulsion des étrangers criminels a été acceptée par le peuple, mais n’a toujours pas été mise en application trois ans après. Cela crée des frustrations. Sans frustration, l’initiative Ecopop aurait zéro chance. »
La Suisse contre la décroissance
Mais pour ce qui est de la diffusion et du financement de la planification familiale dans les pays pauvres, également rejetés à la faveur de cette votation, ils sont déjà largement en place. Organismes internationaux, pays riches – surtout les pays anglo-saxons du nord du globe – multinationales et fondations soi-disant « charitables » ont fait depuis longtemps du contrôle de la population leur cheval de bataille. Et la « décroissance » qui est à la racine de l’action des écologistes adorateurs de Gaïa, la « déesse terre-mère » est paradoxalement aussi à la mode que l’accueil sans discernement de l’immigré.