Education sexuelle à l’école : Londres serre la vis en Irlande du nord

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Le gouvernement britannique vient mettre son grain de sel et son grain de sable dans les rouages des institutions éducatives de l’île d’Emeraude. Le nouveau rapport de la Commission des droits de l’homme d’Irlande du Nord (NIHRC) déplore en effet que de trop nombreuses écoles diffusent, en lieu et place de l’éducation sexuelle de mise, une vision rétrograde, sexiste, trop hétérosexuelle, bref pas assez libertaire. Il faut que ça change.

Jusqu’à présent, chaque école d’Irlande du Nord prenait ses propres décisions sur la manière d’enseigner l’éducation sexuelle dans le cadre de son programme. La décision vient désormais de Westminster, et elle est woke, jusqu’au bout des ongles.

 

« Un long chemin »… de décadence pour les « droits » des enfants

La Commission a donc mené une enquête pour évaluer dans quelle mesure les écoles post-primaires dispensaient « une éducation adaptée à l’âge, complète et scientifiquement exacte sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, couvrant la prévention des grossesses précoces et l’accès à l’avortement ». Le rapport est sans appel : la majorité en Irlande du Nord ne le fait pas.

Homosexualité : certaines écoles d’Irlande du Nord enseignent aux élèves que l’homosexualité est mauvaise. L’une d’entre elles écrit même, dit le rapport, que « la conviction que les actes homosexuels sont contraires à la nature et au but des relations humaines sera présentée aux élèves ». Un tiers des écoles ont déclaré qu’elles enseigneraient aux élèves que « les relations hétérosexuelles étaient le contexte “principal” ou “idéal” de l’intimité sexuelle ».

Sexisme : la plupart des écoles « contribuent indirectement au blâme sociétal des victimes et à la honte des femmes et des filles ».

Avortement : la plupart des écoles ne dispensent pas « une éducation adaptée à l’âge, complète et scientifiquement exacte sur l’accès aux services d’avortement ». Certaines ont activement contribué à la honte et à la stigmatisation entourant les grossesses non planifiées et l’avortement, en faisant des déclarations telles que « l’avortement n’est pas un moyen de contraception et ceux qui se livrent sciemment à des relations sexuelles occasionnelles doivent assumer les conséquences de leurs actes ».

Amour libre et mariage : « De nombreuses écoles utilisent un langage qui fait honte et stigmatise les jeunes » qui se livrent à des pratiques sexuelles, en leur faisant la moralise. La majorité des écoles « promeuvent toujours la valeur du “caractère sacré du mariage” », et des termes connexes tels qu’« amour conjugal ».

Contraception et abstinence : deux tiers des écoles post-primaires encouragent l’abstinence dans leurs politiques d’éducation sexuelle. L’une affirme même que « l’abstinence sexuelle avant le mariage et la fidélité en son sein seront présentées comme l’option positive et souhaitable et une réalité réalisable ». Plusieurs ont déclaré qu’« elles présenteront l’enseignement catholique selon lequel l’utilisation de tout moyen artificiel pour empêcher la procréation n’est pas acceptable ».

 

Une éducation sexuelle complète et concrète

Autant d’éléments qui ne sont pas vraiment dans le vent et dont cette Irlande du Nord peut se montrer fière. D’autant, il faut le préciser, que seulement les trois quarts (149) des post-primaires ont fourni des preuves à l’enquête de la commission : près de 40 % n’ont pas fourni leurs politiques précises sur leurs cours d’éducation sexuelle. On en déduit facilement qu’elles devaient encore moins coller aux recommandations progressistes de Westminster !

Et pour cause. Si chaque établissement, jusque-là, devait assurer ces cours, il pouvait décider du contenu de son enseignement, « en fonction de l’éthique de l’école », selon les termes même du ministère de l’Éducation. Cette marge de manœuvre va être considérablement réduite puisque la Commission recommande à présent que les écoles soient davantage surveillées pour s’assurer que l’éducation sexuelle y est enseignée « d’une manière objective et sans jugement » – à part le sien bien sûr.

Le secrétaire d’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, a aussitôt emboîté le pas en déposant de nouvelles réglementations rendant obligatoire l’enseignement de sujets tels que l’avortement et la prévention de la grossesse. Il a fait valoir qu’il avait l’obligation légale d’agir. Les établissements ont six mois pour se mettre en conformité avec ces directives, étant entendu que les parents ont toujours le droit de retirer leurs enfants de ces cours d’éducation sexuelle – toute liberté n’est pas perdue.

 

L’Irlande du Nord doit suivre l’idéologie woke

Les représentants de l’Eglise d’Irlande du Nord ont réagi avec inquiétude à l’imposition de ce programme obligatoire d’éducation sexuelle, l’un d’entre eux appelant à boycotter les cours, parents comme enseignants. Tout cela, selon Mgr McKeown, se fait « grâce » à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, issue des Nations-Unies. En dépit du pays réel, l’Irlande. « On nous contraint adorer », dit-il, cette nouvelle idéologie « sur l’autel des droits de l’homme et tout le reste doit être sacrifié au service de cela ».

Le Dr John Kirkpatrick, modérateur de l’Eglise presbytérienne d’Irlande, a déclaré que le secrétaire d’Etat tentait « d’imposer une vision du monde particulière à l’éducation des enfants » : « Il n’y a pas de compréhension “neutre” de l’identité humaine et de la sexualité humaine. »

Et si demain, les écoles dissidentes irlandaises étaient traduites en justice ? Et si demain, les parents irlandais chrétiens ne pouvaient plus faire valoir leur objection de conscience et le droit de retrait de leurs enfants ? La récente sommation au Royaume-Uni du Comité des droits de l’enfant de l’ONU le fait craindre.

Le « sens » de l’histoire qu’on veut nous imposer est le même partout : en France, la direction de l’Institution Jean-Paul II de Compiègne, établissement catholique sous-contrat, vient d’être signalée à la suite d’une inspection dénonçant des « dérives graves » et une « culture de la censure », notamment sur l’homosexualité et l’avortement…

 

Y aurait-il une autre intention ?…

Et qui se pose, de manière plus globale, la question de l’efficacité de ces cours d’éducation sexuelle ? Alors que leur opportunité est quelque peu mise à mal au Royaume-Uni, à la suite de plusieurs scandales, notamment sur les enfants dits transgenres, on poursuit méthodiquement leur application partout où ils n’ont pas été encore assez donnés…

Un journaliste du Daily Mail, ces derniers jours, tapait du poing sur la table : « Après 70 ans d’éducation sexuelle, nous avons la preuve que ça ne marche pas. » Les maladies sexuelles pullulent à des sommets jamais atteints, les avortements n’en finissent pas d’augmenter… « L’éducation sexuelle n’a pratiquement pas atteint ses objectifs officiels depuis qu’elle a commencé à se répandre ici au début des années 1950. Pourtant, la seule réponse de ses partisans est de dire qu’il en faut plus, à des âges de plus en plus jeunes, de manière de plus en plus explicite et radicale et quasi obligatoire. », dit-il.

« Y aurait-il une autre intention ?! » se demande le journaliste : « Est-il possible que son but réel ne soit pas le but déclaré ? » Et de rappeler les méthodes éducatives du communiste Georg Lukacs sur « l’amour libre » dans les écoles de Budapest, pendant la brève République soviétique hongroise… Plus d’un siècle plus tard, c’est toujours la même eau qui coule. Ils ont juste changé leur visage.

 

Clémentine Jallais