24 morts et 49 blessés, tel est le bilan provisoire de l’attentat à la bombe commis dimanche contre une église copte du Caire. Il n’est pas revendiqué mais la date, l’anniversaire du « prophète » Mahomet, incline l’Egypte à diriger ses soupçons vers les Frères musulmans. Quel que soit le régime, la communauté copte subit les persécutions de l’islam.
C’était jour férié en Egypte dimanche à cause de l’anniversaire de Mahomet, c’est pourquoi il y avait un peu plus de monde que d’habitude (deux cents personnes) à la messe dominicale dans l’église Saint Pierre et Saint Paul qui jouxte la cathédrale Saint Marc du Caire et où a eu lieu l’attentat. L’explosif, douze kilos de TNT selon les premiers résultats de l’enquête, a été déposé dans un cabas dans la partie de l’Eglise occupée par les femmes et il a explosé vers 9h45 du matin, après la lecture de l’Evangile, avant le début du sermon. A l’hôpital El-Demerdash où ont été menés les blessés, on constate que la plupart d’entre eux sont des femmes et des enfants.
D’Alexandrie au Caire l’église copte est visée
Depuis la démission forcée du président Hosni Moubarak en 2011, on a relevé 26 agressions majeures contre la communauté copte. Il y a eu un pic de persécutions anti-copte sous le règne des Frères musulmans de Mohamed Morsi en 2013, et l’on se focalise volontiers sur les exactions et massacres commis par les « islamistes extrémistes », par exemple la décapitation de 21 coptes par l’Etat islamique en Libye en janvier 2015. Il ne faudrait pas oublier cependant que la situation n’était pas toute rose du temps de Moubarak. Il était encore au pouvoir quand un attentat à la bombe dans une église d’Alexandrie en janvier 2011 fit 23 morts et 79 blessés. Et, sous Anouar el Sadate et même sous Gamal Abdel Nasser, si ce type de grosse explosion était plus rare, ce qui était fréquent, c’étaient les « bagarres » et « affrontements entre communautés » dits « spontanés » dans les campagnes de la vallée du Nil, qui causaient presque tous les mois quelques morts dans la communauté copte.
L’attentat, moyen extrême d’une persécution constante
Copte veut dire Egyptien. Les Coptes sont les vestiges et les descendants des habitants de l’Egypte ancienne qui n’ont pas voulu se convertir à l’islam pendant et après la conquête arabe. Comme tel ils furent perçus comme un corps étranger et résistant par les conquérants. Et en même temps comme une communauté de seconde zone, jouissant (souffrant) du statut de dhimmi, c’est-à-dire de toléré « protégé », de protégé asservi – le plus souvent réduit à la condition de fellah. Sans doute, sous certains sultans et khédives, leur habileté d’artisans, d’intellectuels et de poètes leur a-t-elle valu une place parfois importante dans l’activité économique et culturelle de l’Egypte, mais jamais aux postes de commandement : ils ont toujours été maintenus dans la position de citoyens au rabais. Aujourd’hui encore ils n’ont pas libre accès à l’armée, à l’administration, au gouvernement. Et malgré les déclarations rassurantes du Président-Maréchal El Sissi, qui se donne pour un dirigeant plus séculier que son prédécesseur Morsi, rien n’est fait pour améliorer la situation ni pour assurer la sécurité de la communauté copte. Dimanche, à la sortie de l’Eglise Saint Pierre et Saint Paul, des manifestants en colère hurlaient : « Les policiers sont des voyous », et « Le gouvernement doit démissionner ».
L’Egypte sous surveillance internationale
En fait, Sissi se soucie de la communauté copte ou tient à en donner l’apparence surtout parce que cela conditionne le soutien international à sa dictature. Après le pas de clerc des printemps arabes qui a déstabilisé trop vite et ensemble l’Afrique du Nord et le Proche Orient, les Américains l’ont installé pour tenir l’Egypte en attendant de traiter l’Irak et la Syrie. Cependant, étant donné les massacres et déportations de chrétiens dans ces deux pays, directement causés par la politique américaine mais impopulaires dans l’électorat américain, les persécutions contre la communauté copte ne font pas bien dans le tableau. Le Conseil de sécurité a déploré « l’attaque terroriste lâche et pleine de haine ». Et le Département d’Etat a pondu un communiqué solennel : « Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts l’attaque terroriste contre des fidèles chrétiens ». Mobilisés dans l’immense jeu de rôles de la lutte contre le terrorisme, Sissi doit tenir sa partie. Il a dénoncé le « vicieux terrorisme dirigé contre les Coptes et les musulmans » et conclu : « L’Egypte sortira plus forte et plus unie de cette situation ».
En Egypte comme ailleurs, la maçonnerie a choisi son camp
On aura noté que Sissi, en bonne créature maçonne, englobe les musulmans parmi les cibles du terrorisme qui frappe les chrétiens, alors qu’ils en sont les auteurs. La maçonnerie a toujours joué, en Egypte comme ailleurs, la carte de l’islam contre le christianisme. Ainsi s’exprime une haine aussi ancienne qu’indélébile. C’est l’Intelligence Service britannique qui a financé à l’origine les Frères musulmans. Et, sous des formes violentes ou des formes plus policées, cette politique n’a jamais cessé depuis. Même sous les gouvernements qui avaient en Occident une réputation de « laïques », en Egypte, la propagande de l’Etat, par exemple, a toujours tendu à présenter le pays comme un produit de l’islam, ce qui a permis à plus d’un touriste de s’amuser quand le guide, généralement copte, se trouvait forcé de chanter la gloire d’Allah et de Mahomet son « prophète » dans la construction et la préservation des pyramides ou de la vallée des rois. Il vous prenait à part ensuite dans quelque coin pour vous assurer qu’il savait bien que ce n’était qu’une blague, mais qu’il se trouvait forcé de la répéter à chaque visite sous peine de perdre son emploi.
L’anniversaire du « prophète » Mahomet : certains l’aiment chaud
La maçonnerie se plaît ainsi à mêler le sordide et le risible au macabre. Et le choix d’un jour de fête pour perpétrer le massacre de l’église Saint Pierre et Saint Paul porte cette marque. Elle rappelle la scène du banquet des maffiosi dans Certains l’aiment chaud, où l’on voit le patron des bandits se venger d’un lieutenant qui l’a déçu : sur une table roulante arrive un monumental gâteau d’anniversaire garni de bougies d’où émerge soudain un homme de main qui arrose le condamné à mort et ses voisins de balles de neuf millimètres. Et c’est ainsi qu’Allah est grand, écrivait le regretté Alexandre Vialatte. C’est ainsi, du moins, que l’islam et son « prophète » Mahomet conçoivent en Egypte vis-à-vis de la communauté copte « l’instance de dialogue » que notre nouveau ministre de l’intérieur Bruno Le Roux inaugure aujourd’hui à Paris.