Sarah, une jeune fille de Sainte-Maxime, dans le Var, a été récupérée alors qu’elle atteignait la frontière syrienne, prête à rejoindre les guerriers du jihad. Sa famille ne comprend pas… mais pointe du doigt certains problèmes.
« Les histoires de jeunes filles et jeunes garçons néo-musulmans endoctrinés qui partent en Syrie suivre des causes radicales se succèdent. De nombreux cas sont recensés semaine après semaine en PACA, pas mal du côté de Cannes et de Nice. Pour la première fois ce phénomène vient de toucher le golfe de Saint-Tropez », pouvait-on lire, mardi, dans Nice-Matin. Les journalistes sont-ils à ce point embarrassés qu’il leur faille parler de « néo-musulmans », de peur d’être catalogués dont ne sait quel inavouable extrémisme ? Où est, d’ailleurs, l’extrémisme ?
De confession chrétienne – un terme banal, aujourd’hui, et qui peut s’appliquer à une famille sans pratique religieuse aucune – sa famille n’a pas vu venir le coup. Sa mère, qui affirme ne pas comprendre, souligne tout de même : « Sarah ressemble à toutes les jeunes filles de son âge. A 22 ans, elle partage les joies et les peines d’une génération qui cherche des repères. »
Du manque de repères au djihad
Le manque de repères, c’est déjà une explication fondamentale – et pour Sarah, le premier pas vers la radicalisation. Comme si celle-ci était la seule solution lorsqu’on ne sait plus où on en est…
« Récemment, sa quête d’identité s’est faite plus forte », note encore sa mère. Elle fait des recherches sur internet ; rencontre – virtuellement – des personnes qui lui font entrevoir une vie meilleure, une autre religion comme refuge.
Peu à peu, Sarah évolue. Elle commence à parler de religion – ce qui est déjà suspect, puisque les catholiques sont censés ne jamais évoquer une foi. Ce qui est somme toute logique puisque, la plupart du temps, elle n’est pas nourrie par la pratique.
Encore une jeune fille qui s’enfuit…
Et puis, elle rencontre un homme sur Skype. Sarah est de moins en moins présente pour les siens. Tout juste évoque-t-elle l’envie de fonder une famille. Une affirmation cohérente compte-tenu de la suite, puisque, on le sait désormais, la première chose que les djihadistes proposent aux jeunes filles qui les rejoignent, c’est le mariage…
Le 19 mars dernier, Sarah franchit le pas. Après un message d’amour à sa mère – « Maman, tu es la plus forte », un message qui sonne aussi comme un appel à l’aide… – la jeune fille s’enfuit, prend un avion pour Paris, et rejoint enfin la frontière turquo-syrienne.
« J’ai appris des choses après son départ, poursuit sa mère. Pendant cette période trouble, elle vivait dans une dualité. Ma fille ne savait plus de quel côté faire pencher la balance. »
La famille évoque un « rapt psychologique ». Mais, Sarah étant majeure, les autorités françaises n’ont rien pu faire – comme elles ne font rien, bien au contraire, en ce domaine depuis des décennies.
Ce sont en définitive les recherches personnelles de ses proches qui ont permis de retrouver sa trace en Turquie, à la frontière syrienne. Sarah est alors interpellée, quatre jours après son départ, le 23 mars, et placée dans un centre de rétention pour personnes en attente d’expulsion. En attendant d’être renvoyée sur Paris.
Sa mère se rendra, elle aussi, à Paris, pour attendre Sarah à son arrivée. Mais la retrouvera-t-elle ? Sarah voudra-t-elle la suivre ?