La mort de deux cents personnes dans une mine de charbon turque a causé des émeutes à Istanbul. L’exaspération populaire s’est nourrie de la réaction du premier ministre Erdogan : il classe la catastrophe parmi les choses qui arrivent, ce qui est statistiquement vrai, mais pose, outre la douleur des familles une question : en matière de production d’énergie, quels sont les accidents normaux et les autres ?
Le volet proprement nucléaire de l’accident de Fukushima n’a pas fait un seul mort, mais il a rempli l’actualité pendant des mois. En revanche, d’autres techniques de production d’énergie, comme le charbon par exemple, on causé depuis deux siècles des dizaines de milliers de morts, sans que, depuis des décennies, le grand public, les politiques, ni les médias ne s’en émeuvent.
La magie de la peur
Ce deux poids deux mesures n’étonnera pas ceux qui mesurent le poids du lobby anti-nucléaire, où se rencontrent à la fois les tout-puissants grands pétroliers, l’écologisme politique (les uns finançant souvent l’autre), et ceux qui, pour des raisons politiques, souhaitent l’érosion de l’indépendance française, indépendance énergétique et indépendance tout court. Cette convergence morbide définit les accidents normaux et les autres. On notera aussi la manipulation des affects et des mythes à laquelle cette propagande donne lieu. Le charbon rappelle certes Germinal aux bobos, mais aussi les poêles à boulets et les cuisinières de leurs grands-mères. On peut le toucher, le sentir, se salir, bref, il est humain. Rassurant. L’atome fait peur au contraire. Il rappelle Hiroshima, il est en dehors de notre nature. Quand un écologiste parle de radiations, de rads, de rems et de millisieverts, on dirait un Brésilien qui évoque le Vaudou·