La cruelle politique de l’enfant unique, mise en place en Chine par le pouvoir communiste depuis 1979, arrive à son point de rupture – non sans avoir provoqué des dégâts durables, et pas seulement du point de vue démographique ! Le Premier ministre Le Kaqiang a déclaré, dimanche, qu’il va falloir programmer de nouveaux « ajustements » et des « améliorations » de la politique de planning familial imposée par le parti communiste central pour répondre à la véritable crise de population que connaît actuellement la Chine.
Elle devrait prendre la forme de nouvelles règles tout aussi contraignantes que celles de la politique de l’enfant unique, avec son cortège de mesures tyranniques, ses avortements et stérilisations forcés, sa propagande continuelle, ses délations, les amendes imposées à ceux qui procréent sans permis…
Enfant unique et Planning familial : une population malade
Le problème est multiple : la politique de l’enfant unique a provoqué une baisse de la population active – on comptait 3,45 millions de travailleurs en moins en Chine pour la seule année 2012. Mais elle a eu aussi pour effet de toucher à l’équilibre entre hommes et femmes. Les familles chinoises préfèrent avoir un garçon : en 2014, il est né 115,88 garçons pour 100 filles, à comparer avec la moyenne générale de la population de 105 hommes pour 100 femmes. Ce véritable génocide des filles – par avortement sélectif – va de pair avec un vieillissement inédit de la population : en 2013, les plus de 60 ans représentaient déjà 15% de la population et ce pourcentage est en augmentation rapide.
Bref, l’hiver démographique fait déjà ressentir ses premiers effets dans un pays où le soin des personnes âgées revient prioritairement aux familles qui sont en quelque sorte leur assurance sociale.
La Chine va-t-elle modifier sa politique pour imposer le deuxième enfant ?
Les règles drastiques de la politique de l’enfant unique, qui limitent la descendance à un enfant par famille dans les zones urbaines (un tiers de la population est concernée) et à deux enfants dans les zones rurales lorsque le premier-né est une fille, ont été quelque peu relâchées à la fin de 2013. Depuis lors – et à condition d’obtenir un permis – les couples dont l’un des membres est enfant unique peuvent avoir un deuxième enfant.
Mais des années de propagande et le coût associé à l’éducation d’un enfant ont fait que l’assouplissement des règles n’ont pas eu l’effet escompté. On attend toujours le « baby-boom » espéré par les autorités : en 2014, les naissances n’ont augmenté que de 470.000 par rapport à l’année précédente. Même si on attend un surcroît de naissances d’un million cette année, c’est bien insuffisant pour répondre aux besoins de la Chine.
Le Premier ministre Li Keqiang n’a pas annoncé de mesures concrètes pour le moment : tout cela est à l’étude selon lui. Les autorités ont été chargées d’évaluer la mise en œuvre de la politique actuelle.
Ce qui est clair, c’est que la Chine communiste continuera de contrôler sa population et de maintenir une politique de contrainte. Le mois dernier, des experts ont même proposé que la politique du deuxième enfant soit à son tour imposée de manière obligatoire. On pourrait ajouter : avec son cortège de mesures tyranniques, d’amendes, de vexations, de paperasses, et toujours les avortements et stérilisations forcés pour celles qui concevraient un troisième enfant.
Les réformes communistes, c’est toujours du communisme.