L’essayiste et ancien ministre Luc Ferry a choisi la veine polémique pour répondre aux propos du chef d’état-major des armées Fabien Mandon sur l’éventualité pour la France de « perdre des enfants ». Il s’est écrié sur LCI : « Non, mais je crois qu’il faut débrancher le déconomètre ! Habituellement, j’ai grand respect pour les grands de l’Armée française, mais là, le pauvre devait être en mission secrète envoyé par l’Elysée pour essayer de combler le vide de la vie politique actuelle. On nage en plein délire ! » Et d’expliquer pourquoi il a choisi le mot délire : « Je peux vous dire que mes enfants ne partiront pas faire la guerre pour défendre l’Ukraine. Et puis, j’en ai marre qu’on me dise que sous prétexte qu’on veut la paix, on est Munichois et défaitistes ! Une guerre avec la Russie, c’est quoi ? 400 millions de morts, c’est ça qu’on veut ? » On peut partager son opinion sur le raffut belliciste et catastrophiste organisé par le pouvoir à propos de la guerre, tout en notant qu’il y participe lui-même, comme le fait aussi Vladimir Poutine quand il agite pour un oui pour un non la menace nucléaire. Car être prêt à perdre des enfants ne veut pas dire forcément se lancer dans une guerre nucléaire, et s’opposer aux débordements dans l’Est de l’Europe ne signifie pas 400 millions de morts. Tout ce qui est excessif est insignifiant, d’une part, et de l’autre, Ferry relaie à la fois le mythe de la toute-puissance russe (qui continue « l’armée rouge ») et le chantage du Kremlin. C’est dommage de la part de Ferry, qui est l’un des plus sensés, souvent, des intellectuels médiatiques.











