Les résultats de l’enquête britannique sur le covid seraient biaisés en faveur du confinement

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Les craintes surgissent : la grande enquête covid-19 menée à coups de millions de livres outre-Manche risque d’accoucher d’une souris en ne tenant compte d’aucun des arguments qui contestent le principe même du confinement, son opportunité ainsi que les préjudices qu’il a engendrés. C’est le groupe de défense des droits de l’enfant, UsForThem, né en mai 2020 pour préserver, entre autres, l’ouverture des écoles, qui tire la sonnette d’alarme. En haut lieu, il semble qu’on tente de biaiser les résultats.

Le groupe avait déjà fait campagne avec succès pour que l’enquête britannique rende compte du sort des jeunes, initialement laissés pour compte dans cette histoire, alors les chiffres avaient montré des taux de suicide alarmants

 

« De sérieuses inquiétudes quant à l’approche actuelle de l’enquête » britannique

C’est par une lettre juridique que UsForThem a informé cette semaine la présidente de l’enquête, l’ancienne juge de la Cour d’appel, la baronne Hallett, que le groupe prévoyait de lancer en début d’année prochaine une action en justice contre les conclusions finales, via un contrôle judiciaire, si le déroulement de l’enquête n’était pas corrigé.

« Il y a désormais de sérieuses inquiétudes quant au fait que l’approche actuelle de l’enquête non seulement ne parvient pas à identifier correctement ces leçons, mais risque également de saper entièrement la validité de ses conclusions futures en perpétuant l’impression qu’elle a une vision prédéterminée de la nature de la pandémie, et de l’opportunité et de l’efficacité de la réponse particulière du Royaume-Uni », affirme cette lettre.

La conduite de l’enquête donne l’impression que les confinements étaient indispensables, proportionnés et justifiés malgré les dommages documentés très étendus et de grande envergure qu’ils ont causés, et continuent de causer, y compris (sans compter tout le reste) parmi les enfants et les jeunes. La seule question qu’envisage l’enquête, finalement, est de savoir si les confinements auraient dû être mis en œuvre plus durement, plus tôt ou plus longtemps.

 

Un souci d’« équité » assez criant

Ainsi donc, l’enquête n’est pas une enquête, puisqu’elle fait fi de toute alternative, accuse UsForThem. L’avocat principal, Hugo Keith KC, s’est acharné à interroger d’éminents responsables politiques, fonctionnaires et scientifiques, mais en orientant souvent leurs réponses

En interrogeant le ministre Michael Gove, bras droit de Boris Johnson jusqu’en septembre 2021, il a lancé : « Il n’y avait pas vraiment de débat quant à savoir si, pour des raisons bonnes et évidentes de santé publique, ces mesures devaient être envisagées. C’étaient des questions de vie ou de mort. Tous les conseils de santé publique concernant une crise de santé publique allaient dans une seule direction. »

S’il n’y avait pas de débat, pourquoi faire une enquête ? Quel est donc son objet ? Lorsque des témoins experts présentaient des points de vue qui remettaient en cause les mesures de confinement, affirme UsForThem, il y avait de la part des avocats « un manque apparent de curiosité ou de désir de donner suite ».

Ces contre-avis n’ont jamais été présentés à d’autres personnes interrogées. Celui du professeur Mark Woolhouse, l’épidémiologiste qui a conseillé le gouvernement pendant la pandémie, selon lequel le confinement avait marqué un « échec de la politique de santé publique », est pourtant capital. Deux universitaires d’Oxford ont d’ailleurs également écrit à la directrice de l’enquête en l’accusant de favoriser les scientifiques qui soutenaient le confinement.

Lors de la comparution du Premier ministre Rishi Sunak à l’enquête la semaine dernière, Hugo Keith KC, l’avocat principal, l’a carrément fait taire lorsqu’il a mentionné des recherches suggérant que le confinement a pu causer plus de dommages que le virus lui-même.

 

COVID-19 : de la réalité des dommages liés aux confinements

La lettre d’UsForThem comprend également une demande d’enquête pour examiner les effets négatifs de la censure sur la prise de décisions liées au covid, censure orchestrée en particulier par l’unité gouvernementale de lutte contre la désinformation. Le Telegraph avait précédemment révélé que cette unité secrète avait travaillé avec des sociétés de réseaux sociaux pour tenter de limiter les discussions sur les politiques controversées de confinement pendant la pandémie.

L’enquête doit mettre en lumière « ces activités répressives désormais bien documentées du gouvernement… et des partenaires du secteur privé ». Sans compter que, non contente de perpétrer la censure du passé, l’enquête fait preuve de pratiques largement préjudiciables à l’objectivité requise : elle projette au début de chaque module des vidéos dans lesquelles des victimes, notamment des familles endeuillées et des personnes souffrant de longue date du Covid, partagent leurs histoires.

« Les prédéterminations apparentes lors de ses audiences et son incapacité persistante à répondre à la question centrale – les dommages immenses et certains des confinements et des interventions publiques étaient-ils proportionnés aux avantages réels et perçus de ces politiques ? – compromettent cette enquête », a déclaré la fondatrice de UsForThem : « Pire qu’un simple gaspillage d’argent, l’enquête, dans sa trajectoire actuelle, risque de nous amener à répéter des erreurs catastrophiques. »

Bien évidemment, le porte-parole de l’enquête a dénié tout biais d’analyse.

 

Clémentine Jallais