Sept avortoirs de Madrid, parmi lesquels quatre grandes cliniques d’avortement – Callao, Dator, El Bosque et Ansoain —sont sous le coup d’une enquête judiciaire visant notamment des délits économiques, l’irrespect des normes qui régissent le traitement des « résidus biosanitaires » et l’atteinte à la vie privée des femmes par insuffisante protection des données les concernant. L’instruction a été déclenchée par l’action du ministère public espagnol, saisi de plaintes déposées par la plateforme « La vie est importante ». L’Espagne est toujours sous le régime d’une loi qui fait de l’avortement un droit : traquer les pratiques illégales et les abus est une manière de démontrer que cette légalité engendre des pratiques abusives.
L’industrie de la mise à mort des enfants à naître en Espagne se distingue par son opacité, s’il faut en croire les reproches sérieux qui lui sont faits : suffisamment sérieux pour entraîner une enquête judiciaire publique.
Fouiller les poubelles des cliniques d’avortement pour découvrir les pratiques illégales
Il aura suffi à la plateforme « La vida importa » d’aller fouiller les poubelles des grands avortoirs madrilènes pour découvrir des entorses aux lois sur le traitement des résidus biosanitaires (traduisez : « déchets » humains). Les « produits des avortements » s’y retrouvent mélangés aux autres déchets, sans même un emballage adéquat : ce manque de rigueur peut poser des problèmes pour la santé et l’environnement.
Il pose aussi le problème, autrement plus grave, du respect des petits corps de ceux qui périssent au cours de l’avortement. Mais, pas plus dans le droit espagnol que dans le droit français, cette question ne peut être soulevée – puisque l’humanité de l’enfant à naître est niée.
Espagne : enquête judiciaire sur la sous-déclaration des avortements
Les délits économiques visés par l’enquête judiciaire sont pour leur part nombreux et variés. Les avortoirs d’Espagne en cause sont des établissements privés à but lucratif. On y note par exemple la surfacturation aux services de Santé publique des avortements chimiques, présentés comme des avortements chirurgicaux avec anesthésie, à 382, 53 euros. Les cliniques sont soupçonnées de faire rembourser par l’administration des avortements qui n’ont finalement pas eu lieu. Mais aussi de pratiquer des avortements non déclarés, payés au noir par les clientes : on a ainsi trouvé des listings d’« IVG », avec le délai de gestation, qui ne coïncident pas avec les déclarations officielles. Une manière d’échapper au fisc.
Sur le plan de la protection des données, la plateforme « La vida importa » avait déjà saisi en décembre l’Agence espagnole ad hoc pour dénoncer les pratiques illégales de plusieurs cliniques d’avortement qui jettent leurs documents administratifs à la poubelle tels quels, permettant à n’importe qui de récupérer les identités et les données personnelles des femmes qui y ont été « soignées ».
Sur la base de leurs recherches, la plateforme « La vida importa » estime qu’en Espagne le chiffre réel des avortements pratiqués dans les cliniques est d’environ 35 % à celui qui est déclaré officiellement : « Nous sommes en mesure d’assurer qu’en Espagne, il se pratique 173.000 avortements par an. L’importante marge entre les chiffres réels et les chiffres officiels démontre l’absence de contrôle des administrations sanitaires pourtant chargés d’un devoir d’inspection et de vigilance ».