Espagne : près de la moitié des hommes se sentent victimes de discrimination à cause du féminisme

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Près de la moitié des hommes espagnols estiment que le féminisme est allé trop loin et qu’ils sont désormais victimes de discrimination, selon une enquête sur « l’égalité homme-femmes et les stéréotypes de genre » dont les résultats révèlent que près d’un tiers des femmes sont du même avis.

Sous l’impulsion du premier ministre socialiste Pedro Sanchez, l’Espagne s’est vu imposer des politiques favorables au féminisme, à telle enseigne que 44 % des hommes estiment aujourd’hui que la société a « tellement progressé dans la promotion de l’égalité des femmes que les hommes sont désormais victimes de discrimination », selon l’enquête réalisée par le Centre de recherche sociologique d’Espagne, organisme public, au moyen d’entretiens avec plus de 4.000 personnes. 32,5 % des femmes sont du même avis.

 

Le féminisme a le vent en poupe en Espagne à cause du socialisme radical

Si les réponses des femmes restent dans l’ensemble conformes à la vision selon laquelle les inégalités restent « importantes ou assez importantes » – 67 % des femmes sont de cet avis contre 48 % des hommes – le sentiment d’un interventionnisme excessif à cet égard est important et se note davantage chez les hommes jeunes. Plus de la moitié des hommes de la tranche 16-24 ans sont ainsi d’accord pour dire que les efforts en faveur de l’égalité des femmes sont allés trop loin.

Depuis 2018, les gouvernements dirigés par Pedro Sanchez ont introduit une loi sur le viol fondée sur l’absence de consentement (mais elle a permis la réduction de peine et la libération anticipée de centaines de délinquants sexuels) et garanti un congé aux femmes souffrant de douleurs menstruelles sévères. Ses cabinets ont toujours compté au moins 50 % de femmes et le gouvernement prépare actuellement une loi visant à obliger tous les conseils d’administration à compter au moins 40 % de femmes. Discrimination dite « positive », contrainte donc.

Les résultats de l’enquête ont suscité l’inquiétude des féministes, qui craignent que les hommes espagnols ne confondent la perte de leurs « privilèges historiques » – forcément insupportables – avec une attaque contre leurs droits.

 

Les hommes victimes de discrimination ? Beaucoup de femmes sont d’accord

Le plus grand parti d’Espagne, Vox (droite), a déclaré que les résultats de l’enquête confirmaient que le gouvernement poursuivait des politiques qui pesaient injustement sur les hommes. Pepa Millán, porte-parole de Vox au Congrès, a déclaré : « Les lois sur le genre adoptées par ce gouvernement sont objectivement discriminatoires. »

Alors que l’ex-ministre de l’égalité Irene Montero a tiré argument des résultats pour affirmer que « le fait que quatre hommes sur dix pensent que nous, les féministes, sommes allées trop loin signifie également que six hommes sur dix, la majorité, veulent une Espagne féministe », une sympathisante de Vox, Oti, a déclaré au Daily Telegraph que l’enquête était en réalité un exercice de propagande orchestré par le gouvernement pour attiser les passions autour du féminisme.

Elle contient en effet de nombreuses dénonciations – surtout de la part des femmes – d’une situation où les femmes continuent d’assurer plus de tâches ménagères que les hommes et de s’occuper deux fois plus que ceux-ci des enfants.

« Les femmes qui veulent accéder à des postes de pouvoir le font », a déclaré Oti au Telegraph : « Certaines d’entre nous sont meilleures dans certains domaines, d’autres sont meilleures dans d’autres, et c’est tout ce qu’il y a à dire. »

Selon l’enquête, 88 % des électeurs masculins de Vox ont déclaré se sentir discriminés, contre 22 % des hommes qui soutiennent le parti socialiste de Pedro Sánchez.

Prochaine étape : donner davantage de droits aux animaux ?

 

Anne Dolhein