Abou Bakr al-Baghdadi pas mort. Quelques jours après les rumeurs selon lesquelles il aurait été gravement blessé, il vient de proférer – mais le message n’a pas encore été authentifié – de nouvelles menaces contre les Juifs et les Croisés. Et l’Etat islamique veut désormais, comme un véritable Etat, battre monnaie !
Dans un communiqué, l’Etat islamique annonce en effet vouloir lancer une nouvelle monnaie, afin de remplacer celles des Etats officiels où il s’est implanté, en l’occurrence l’Irak et la Syrie. Dans le langage djihadiste, plus fleuri, cela est évidemment plus parlant, puisqu’il s’agit de « libérer les musulmans de l’oppression économique satanique ». Fouad Massoum (le président irakien) et Bachar el-Assad ont dû apprécier…
Battre monnaie d’or, argent et bronze
Les pièces prévues seraient les suivantes : dix et vingt fils (le fils vaut un centième de dirham) en bronze, trois pièces de un, cinq et dix dirhams en argent, et deux pièces de un et cinq dinars en or. Histoire de revenir aux belles heures du califat omeyyade des premiers siècles. Une fabrication rendue possible depuis que l’Etat islamique a fait main basse sur d’importantes quantités d’or et d’argent, tant dans les banques que chez les particuliers, dans les deux pays.
Il va de soi que l’emploi de métaux précieux risque de provoquer spéculation et vols, et il n’est pas sûr que la charia suffise à les empêcher. On se rappellera en effet que, il y a quelques années, de petits malins s’étaient aperçu que le peso philippin était une pièce identique au dirham or des Emirats (alors qu’il ne vaut que quelques fils), et qu’il en était résulté une fraude massive dont avaient notamment pâti les casinos du pays.
L’Etat islamique, un véritable Etat ?
Assurément, la création de cette monnaie offrirait plusieurs avantages au groupe Etat islamique. Premièrement, elle renforce son indépendance vis-à-vis d’Al-Qaïda, dont il a été exclu en début d’année, après qu’Abou Bakr al-Baghdadi eut renié son serment d’allégeance auprès du successeur de Ben Laden.
Deuxièmement, cela lui permettrait de s’arroger les prérogatives d’un véritable Etat. En cela, il continue l’entreprise commencée cet été par la mise en place de taxes diverses, et l’ouverture de ministères dépendant directement de lui.
Troisièmement, l’Etat islamique augmenterait ainsi sa puissance financière. Celle-ci n’est d’ores et déjà pas nulle puisqu’on estime à quelque 90 millions de dollars mensuels les sommes que le groupe retire de la vente, au marché noir (mais à qui ?), du pétrole provenant des champs irakiens et syriens qu’il occupe.
Tout cela, « si Allah veut », bien sûr…