Des responsables politiques américains de toutes tendances viennent de relancer une campagne pour obtenir la déclassification des 28 pages du rapport du Congrès rédigé en 2002 au sujet du financement des attentats du 11 septembre.
Le rapport de plus de 500 pages avait été amputé de ces passages avant sa parution en décembre 2002. Les pages censurées pointeraient les responsabilités directes ou indirectes de l’Arabie Saoudite, importante alliée des Etats-Unis au Proche-Orient, dans ces attentats.
11 septembre : protéger l’Arabie Saoudite
L’ancien démocrate devenu républicain, Bob Graham, ancien vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 11 septembre, a tenu mercredi une conférence de presse au Capitole pour exiger que ces pages soient enfin rendues publiques. Il était accompagné du républicain Walter Jones et du démocrate Stephen Lynch, et soutenu par des familles de victimes pressées de voir la lumière faite sur le dossier.
Le sénateur Bob Graham affirme que ces pages censurées par l’administration Bush apportent la preuve du rôle joué par l’Arabie Saoudite. Elles mettraient également en cause le consulat saoudien à Los Angeles, l’ambassade d’Arabie Saoudite à Washington ainsi que de riches Saoudiens installés à Sarasota en Floride.
Il y a un an, une résolution du Congrès soutenue par 21 élus républicains et démocrates demandant la déclassification de cet extrait du rapport avait déjà été déposée. Walter Jones et Stephen Lynch ont annoncé qu’ils allaient soumettre une résolution similaire au Congrès nouvellement élu, majoritairement républicain.
Les Etats-Unis laissent se développer l’islamisme radical
Pour le sénateur démocrate Charles Schumer, qui en 2003 avait rédigé une lettre ouverte au président Bush, cosignée par 46 sénateurs, demandant la déclassification du passage litigieux, « le maintien du secret ne fait que renforcer la théorie selon laquelle le gouvernement américain protège l’Arabie Saoudite ».
Bob Graham a affirmé que l’attentat survenu mercredi à Paris dans les locaux de Charlie-Hebdo était une énième conséquence de cette protection accordée à l’Arabie Saoudite : « L’Arabie Saoudite a fort légitimement conclu du message que lui ont envoyé les Etats-Unis en couvrant son rôle dans les attentats du 11 septembre qu’elle peut compter sur l’impunité, et agir comme il lui plaît sans risque de sanction. Cela lui a permis de fournir un soutien financier à Al Qaeda d’abord, ensuite à des groupes comme Al-Shabaah, et maintenant à l’Etat Islamique. » Il a précisé que ce silence complice américain a permis à la monarchie du Golfe de promouvoir une forme radicale de l’islam sunnite, le wahhabisme.
Une accusation sans appel : les Etats-Unis ont fabriqué l’islamisme radical par alliés interposés.