C’est une nouvelle tendance aux Etats-Unis : l’explosion des prix des génériques – ces médicaments dont la formule est tombée dans le domaine public et qui peuvent donc être fabriqués et vendus à moindre coût. Le hic, c’est que la concentration de la fabrication qui en résulte permet ensuite aux laboratoires qui subsistent de jouer avec les tarifs. Toutes les molécules ne sont pas touchées, mais il y a pour certaines des augmentations spectaculaires.
Une brève recherche sur internet montre que la presse américaine évoque depuis des mois des hausses de prix de tel ou tel générique aux Etats-Unis. Un commentaire publié la semaine dernière par le New England Journal of Medicine fait le point : le Dr Aaron Kesselheim, spécialiste en droit de la médecine au Brigham and Women’s Hospital de Boston, a tenté de comprendre. La première cause des hausses est selon lui est l’absence de concurrence :
Les Etats Unis impuissants devant la flambée des génériques
« Nous tenons pour acquis le fait que les médicaments génériques sont bon marché, mais ils ne sont bon marché que parce qu’il y a de la compétition. Quand la compétition disparaît, les prix montent. Parce que nous laissons cela au libre marché, c’est un risque que nous prenons. »
CBSNews cite le cas d’une femme souffrant d’une maladie auto-immune. Elle est obligée de prendre de l’Ursodiol pour protéger son foie. Coût pour trois mois : 94,50 $. Mais ça, c’était avant. Depuis le mois d’août, le stock de cachets pour un trimestre est passé à 1.212,30 $… En cherchant, elle a fini par trouver l’équivalent à près de 300 $. Quand même.
Seule une vraie concurrence fait baisser les prix
L’antibiotique à large spectre, Doxycycline, est passé de 6 centimes le cachet à 3,36 $ ; le Captopril, prescrit pour l’hypertension, a augmenté de 2.800%. Et une étude récente affirme que près de 10% des génériques ont doublé leur prix au cours des douze derniers mois.
Bref, des enquêtes viennent d’être ouvertes aussi bien par le Sénat américain que par le Département de la justice, car même si des manques ponctuels de matières premières peuvent expliquer certaines fluctuations, les regroupements de laboratoires, l’arrêt de fabrication par certains autres peuvent aboutir à des situations de monopole qui laissent la porte ouverte aux abus.