Aux Etats-Unis, le taux des avortements au plus bas depuis 1973 et « Roe v. Wade »

Etats Unis taux avortements bas
 
Pour la première fois depuis 1975, le nombre annuel d’avortements a baissé aux Etats-Unis en 2013 et 2014 – dernières statistiques connues – tandis que le pays connaît son plus bas taux d’avortement depuis la décision de la Cour suprême par laquelle ce crime est devenu légal, Roe v. Wade. C’est ce qui résulte d’une étude menée par l’organisme de recherche Guttmacher Institute, favorable à l’avortement légal et jadis filiale de Planned Parenthood USA, avant de prendre son indépendance en 1977.
 
Selon les auteurs, la raison principale de cette chute du nombre et du taux des avortements est imputable à une meilleure couverture contraceptive. Le Guttmacher Institute note ainsi qu’en 2014, on a compté 14,6 avortements pour 1.000 femmes âgées de 15 à 44 ans aux Etats-Unis – contre 15 pour 1.000 en France selon les estimations de l’INED – pour un total de 926.200 interventions, soit quelque 30.000 de moins que l’année précédente et nettement moins qu’en 1990, année où les Etats-Unis ont enregistré environ 1,6 million d’avortements.
 
Si l’Institut reconnaît du bout des lèvres que la mise en place de lois de restriction à l’avortement dans différents Etats a pu jouer un rôle dans cette chute sur le court terme, l’essentiel de son analyse porte sur la diffusion de la contraception. Mais pour le Dr Michael New, membre du Charlotte Lozier Institute et professeur à l’université catholique américaine Ave Maria, il faut s’intéresser davantage au déclin des chiffres de l’avortement sur le long terme aux Etats-Unis. S’ils ont baissé de 14 % en quatre ans depuis 2011, le taux d’avortement aux Etats-Unis a baissé de plus de 50 % depuis son plus haut en 1980.
 

Avortements : taux au plus bas, mais on reste près du million par an

 
« Au cours des 35 dernières années, à la fois les taux de fécondité et ceux des grossesses non planifiées sont restés à peu près stables. De telle sorte qu’il est difficile de soutenir que c’est un recours accru à la contraception qui a permis le déclin de l’avortement sur le long terme aux Etats-Unis. En revanche, il y a un corpus important d’études académiques permettant de constater qu’une série de lois protectrices de la vie ont permis de réduire les taux d’avortement. »
 
C’est important, parce que l’on avance souvent que changer la loi ne sert à rien mais qu’il faut créer un environnement « favorable à la vie », pour éviter de mener la question sur le terrain politique, en même temps que la contraception est présentée comme le meilleur frein à l’avortement. D’une pierre deux coups : cela permet de discréditer les catholiques qui récusent la contraception, et les « ultras » accusés de vouloir « envoyer les femmes en prison » ou de les contraindre à de dangereuses interventions clandestines en repénalisant l’« IVG ».
 
Les statistiques françaises montrent, elles, que la contraception ne produit pas automatiquement une baisse du nombre ou du taux d’avortements : la France affiche une des plus fortes « couvertures contraceptives » au monde et l’IVG y est tout sauf en déclin. Peut-être les choses changeront-elles avec la prévalence croissante de la contraception de longue durée, mais il ne faut pas oublier qu’elle fonctionne souvent sur le mode contragestif, empêchant la nidation d’ovules fécondés et provoquant ainsi des avortements très précoces.
 

Les Etats-Unis deviennent de plus en plus provie

 
L’exemple américain, lui, vient aujourd’hui confirmer l’efficacité de l’action législative. Loin d’empêcher l’accès des femmes à des « services dont elles ont grandement besoin », comme l’annonce le rapport du Guttmacher Institute, ces lois visent à une réelle protection des femmes et de leurs intérêts, en imposant le principe du consentement éclairé, en exigeant la notification parentale pour empêcher que des mineures avortent (et en souffrent) sans que leurs proches soient au courant, et en réglementant l’activité des cliniques d’avortement pour que celle-ci respectent les normes de sécurité générales des établissements de santé.
 
A quoi s’ajoute, selon Kristan Hawkins qui préside Students for Life of America, un changement profond de la « culture » : la jeune génération est proportionnellement plus attachée au respect de la vie que les plus anciennes.
 
Le Dr New conclut : « La recherche de Guttmacher montre elle-même qu’un pourcentage croissant de femmes confrontées à une grossesse non planifiée décident de la mener à terme. Au bout du compte, le rapport de Guttmacher apporte des éléments supplémentaires montrant que les efforts des provie ont réussi à changer les cœurs et les esprits. »
 

Anne Dolhein