Seuls les très vieux boomers, les papys de la Révolution se rappellent qu’en 1968 il était interdit d’interdire. La France d’aujourd’hui est la championne de l’interdit, de la cigarette en terrasse aux produits phytosanitaires. A partir du premier juillet, la cigarette sera interdite dans de nouveaux lieux publics, parcs, plages, abribus et abord des écoles, espaces ouverts et abords des bibliothèques, piscines, stades et autres installations sportives. Ainsi l’arc-en-ciel impose-t-il peu à peu son éthique, son modèle économique et sa manière de vivre. On vient d’en avoir une illustration éclatante dans le retrait de la loi Duplomb sur l’agriculture, où se sont particulièrement distingués la verte Marine Tondelier et l’agitateur totalitaire Jean-Luc Mélenchon, assisté de sa bande prétendument Insoumise.
La santé premier pilier de l’éthique de l’interdit
Selon Catherine Vautrin, ministre de la Santé, les terrasses resteront autorisées à la cigarette. Certains lieux fermés, comme les restaurants, cafés, discothèques ou centres commerciaux, peuvent aussi aménager des espaces fumeurs, à condition qu’ils respectent des règles strictes : ces zones doivent être entièrement closes, très bien ventilées, et aucun salarié ne doit y pénétrer avant au moins une heure après leur dernière utilisation. Mais c’est provisoire : un sondage Yougov publié par le Huffington Post assure que 68 % des Français sont pour supprimer le droit de fumer en terrasse, et la proportion monte à 79 % chez les 18-24 ans. Il paraîtrait même que 52 % des fumeurs ne seraient pas opposés à la chose. Quoi qu’on pense du tabac, le tabagisme passif en plein air n’est pas une réalité établie, et toute décision visant à réduire l’usage du tabac dehors est donc une atteinte à la liberté individuelle fondée sur un interdit idéologique – cela n’ayant rien à voir avec la politesse élémentaire qui commande de ne pas jeter son mégot par terre ni souffler sa fumée dans le nez des nourrissons.
L’arc-en-ciel interdit chauffage au bois et bouchons détachables
La santé n’est pas la seule source d’interdit. L’environnement la suit de près. L’interdiction du plastique à usage unique fait l’objet de l’article L541-15-10 du code de l’environnement, et celle des bouteilles à bouchon détachables manque d’éborgner ceux qui boivent à la bouteille. Plus largement, au premier décembre 2024, 89.582 procédures judiciaires avaient été menées contre ceux qui ne respectent pas les interdits écologistes. Ce que le gouvernement nomme « criminalité environnementale » comporte dans l’ensemble des actes graves, contraire à l’éthique autant qu’à la loi, atteintes aux espèces animales, incendies de forêt, etc., mais l’obsession verte étend le domaine de l’interdit à des actes sans gravité ni incidence réelle sur le milieu. Ainsi Anne Hidalgo a-t-elle voulu interdire les feux dans les cheminées à Paris avant d’y renoncer, et la Commission européenne prépare un texte sur le chauffage au bois qui en restreindra pratiquement l’usage à partir de 2027, même si la première mouture en a été retirée pour la retravailler.
Fureur rouge et verte contre les « pesticides » et la loi Duplomb
La folie d’interdiction touche tout ce qui bouge et tout ce qui produit. On l’a vu cette semaine avec deux lois proposées par le gouvernement, l’une visant à garantir la construction de l’A69, vandalisée par les terroristes écolos, l’autre à alléger un peu la montagne de règlements qui accablent les paysans, notamment pour les insecticides, bactéricides et fongicides, les seuils applicables aux grands cheptels et les retenues d’eau (ces « mégabassines » qui excitent tant les antifas). La gauche toute entière s’y opposait, LFI et EELV ayant déposé à elles seules 2.400 amendements pour y faire obstruction, mais elles avaient commis l’erreur de déposer en même temps des motions de rejet qui ont été votées par le groupe central et le RN, ce qui a eu pour effet de renvoyer les textes en commission mixte paritaire et d’éviter ainsi tout débat. Furieuses de s’être piégée elle-même, LFI a déposé une motion de censure contre ce qu’elle a nommé bizarrement un « 49-3 parlementaire », ce qui était parfaitement absurde : elle n’a pas été votée. Mais ce qui demeure dans cette histoire abracadabrante, c’est la volonté farouche de ne pas tenir compte de la réalité économique et d’interdire toute activité agricole rentable sous prétexte de vertu verte.
Google prend le point de vue de la Révolution
Les associations écologistes ont persuadé l’opinion que la loi Duplomb est une loi dangereuse. Si on tape Loi Duplomb sur Google, les trois premiers articles référencés sont violemment opposés au texte. De plus, le moteur de recherches propose la question : qu’est-ce que la loi Duplomb ? Et sa réponse est : « Ce texte rétrograde propose tout bonnement la réintroduction certains pesticides, et notamment la ré-autorisation des néocotinoïdes, des insecticides connus comme “tueurs d’abeilles”. » Or, en fait, l’insecticide interdit en France depuis 2016 que le projet de loi entend réintroduire, l’acetamipride, s’il fait partie de la famille des néonicotinoïdes, est considéré par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) comme beaucoup moins toxiques que les autres. En 2024, l’EFSA avait reconnu qu’on manque d’information pour en évaluer les risques, sans recommander son interdiction : aussi de nombreux Etats membres de l’UE l’autorisent-ils. Prétendant être l’élève le plus vert de la classe, la France l’a interdit et cela a entraîné de grosses pertes pour les betteraviers, de l’ordre de 30 % en moyenne nationale et jusqu’à 70 %. En 2020 le rendement des betteraves est tombé à son plus bas niveau depuis 2001, laissant les betteraviers français sans ressource, alors que les acheteurs se fournissaient à l’étranger, où le traitement à l’acétamipride protégeait de juteuses récoltes. Interdire aux paysans français ce qui est autorisé chez leurs voisins, c’est se condamner aux importations massives et à la dépendance alimentaire, donc promouvoir le mondialisme arc-en-ciel.
Pour les Verts et l’arc-en-ciel, l’essentiel est d’interdire
L’exemple des mégabassines montre le même déni de réalité chez les Verts. Patrice Raujol, de la FDSEA du Tarn-et-Garonne, a expliqué sur Europe 1 : « L’eau, c’est vraiment le sujet majeur. C’est-à-dire, on a de l’eau mais elle ne tombe pas au bon moment. Et donc, pour pérenniser nos exploitations, on voulait faire des réserves très facilement pour irriguer nos vergers et nos cultures. » Aussi l’article 5 de la loi Duplomb prévoyait d’encadrer ce stockage, mais 9 amendements l’ont dénaturé. En particulier un moratoire de dix ans suspend rétroactivement les autorisations données depuis dix ans. Le robinet est coupé pour les paysans. Les Verts prétendent qu’ils prélèvent trop d’eau. Ce n’est pourtant pas ce que disent les chiffres. L’agriculture consomme 3,4 milliards de mètres cubes par an, soit 11 % du total prélevé. Surtout, les cultures irriguées n’occupent que 6,8 % de la surface agricole utile, contre 16,3 % aux Pays-Bas, par exemple, et le volume moyen d’eau prélevé en France pour l’irrigation s’élève à 1.700 m³/ha/an, contre une moyenne européenne de 4.000 m³/ha/an. Il n’y a donc pas de surconsommation d’eau par les paysans français, et les mégabassines permettent de recueillir de fortes pluies pour réguler l’irrigation. Mais l’essentiel, toujours, pour les Verts et l’arc-en-ciel, est d’interdire.