Une étude de l’Institut Pasteur sur la surmortalité covid interprétée dans le sens du vent

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L’Institut Pasteur a publié lundi une étude évaluant la surmortalité comparée dans 13 pays européens pendant les premières vagues de covid, en regard des « mesures non thérapeutiques » prises pour éviter les contaminations. Vu le prestige de l’Institut il est certain que ce type de statistiques sera invoqué si un nouvel épisode comparable devait être déclaré. Rendant compte de cette publication, France Info assurait lundi que le recours varié aux « mesures de confinement » aboutissait à des différences chiffrées par les auteurs de l’étude :

« Ils en concluent que plus leur mise en œuvre a été tardive, plus les pertes de PIB ont été importantes sur l’année 2020, “ce qui suggère que la mise en œuvre précoce des mesures a eu un impact moindre sur l’économie que le report de leur mise en œuvre”. Au vu de ces résultats, les scientifiques appellent les dirigeants à ne “pas retarder la mise en œuvre des mesures de confinement” pour les pandémies qui pourraient survenir à l’avenir. »

 

L’étude Pasteur sur la surmortalité covid mal citée par France Info

Traduisez : il faudra enfermer les populations sans attendre que des « cas » se retrouvent hospitalisés.

Mais cela sollicite le texte publié par BMC Global and Public Health qui n’utilise pas expressément le mot « confinements » (« lockdowns »), sinon dans quelques sources citées. Il reste dans le flou au sujet des « mesures non thérapeutiques » mise en place qui ont en réalité connu d’importantes variations d’un pays à l’autre.

France Info signale tout particulièrement le Danemark comme ayant réussi à contenir la surmortalité. L’étude, elle, l’évalue à 0,5 à 1 mort supplémentaire pour 1.000 habitants du 27 janvier 2020 au 3 juillet 2022, contre 1 à 2 morts dans la plupart des autres pays et 2,7 en Italie, et souligne que les mesures prises y ont été précoces, avec un confinement mis en place le 15 mars alors que seules 10 personnes étaient hospitalisées.

Le Danemark a connu un confinement assez strict (fermeture des écoles et universités, restaurants, centres commerciaux, commerces impliquant la proximité des personnes, sous peine d’amende, et forte recommandation du télétravail, entre autres). Cependant il n’était pas interdit de sortir, seuls les attroupements de plus de 10 personnes étant interdits. Ce pays a plus rapidement que d’autres (dès le 15 avril 2020) levé certaines restrictions, comme le souligne cette étude de l’Institut Montaigne.

 

L’étude Pasteur sur la surmortalité covid oublie l’exemple suédois

Mais il y a d’autres « bons élèves » que France Info ne cite pas : la Norvège, la Suède et l’Irlande ont connu une surmortalité aussi basse que le Danemark, signale l’étude. Mais elle ne rappelle pas que la Suède a été championne d’Europe puisqu’elle a affiché la mortalité la plus basse des années covid. Or la Suède n’a pas confiné du tout, se bornant à des recommandations ; la réduction de la mobilité récréative ou pour l’accès aux commerces y a été globalement de 11 %… contre 53,3 % en Espagne. La Suède a eu une surmortalité moyenne en Europe lors de la première vague (mais l’étude ne rappelle pas que les personnes âgées y ont été bien souvent abandonnées sans soins) mais voisine de zéro lors des suivantes.

Il n’y est pas non plus question d’autres facteurs – comme la concentration des malades en Italie qui semble avoir aggravé la situation, ou le recours à des « soins », comme l’utilisation systématique de ventilateurs, qui n’ont pas eu un effet bénéfique, ou encore le refus de soigner, en particulier en administrant des antibiotiques, avant que la maladie n’atteigne une gravité critique.

En revanche, l’étude cite la vaccination comme ayant, après les « mesures non thérapeutiques précoces », évité la surmortalité lors des vagues à partir de début 2021, sans mentionner la moindre virulence des nouveaux variants.

 

Jeanne Smits