L’évêque anglican de Londres met en garde contre l’école « Big Brother »

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Le cardinal Vincent Nichols, président de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles (G) et l’évêque de Londres, le Rev. Richard Chartres (D) célèbrent les vêpres mardi 9 février 2016 au Palais de Hampton Court (sud-ouest de Londres).

 
L’évêque anglican de Londres, Richard Chartres, a critiqué les mesures prises par le gouvernement britannique pour « combattre l’extrémisme », dans une homélie adressée à son clergé de la capitale lors de la messe chrismale. Vouloir imposer l’enseignement des « valeurs britanniques » risque de transformer le gouvernement en « Big Brother motivé par l’idéologie », a-t-il mis en garde. Chose intéressante, il s’élève contre le contenu de cet enseignement de valeurs (qui désignent en elles-mêmes, faut-il le rappeler, non un bien mais une appréciation relative : la valeur d’une chose peut être positive, neutre, ou négative…).
 
En l’occurrence, Richard Chartres met en garde contre la tendance à ne parler que d’« abstractions universelles ». Enseigner la tolérance ou la loyauté ne produira pas « un iota de l’énergie indispensable » à la construction de communautés fortes, capables de résister à la radicalisation.
 

Richard Chartres, évêque de Londres, dénonce les « valeurs » britanniques abstraites

 
Parler de « tolérance », de « loyauté », de « civilité » et même des « droits de l’homme » relèverait-il donc d’une idéologie totalitaire ? Eh bien, c’est possible. En tout cas lorsque tout ce discours est servi d’office et sous contrôle des pouvoirs publics… De fait, les inspecteurs académiques britanniques d’Ofsted sont censés fonder leur évaluation des écoles sur la manière dont on y fait la promotion de la démocratie, de la liberté et de la tolérance, afin de prévenir leur infiltration par des musulmans radicaux, comme cela s’est déjà produit à Birmingham.
 
Mais on ne peut combattre l’extrémisme dans l’état de « vide spirituel » qui sévit aujourd’hui en Occident, a déclaré l’évêque anglican de Londres. Les églises elles-mêmes sont nécessaires à la construction d’une société forte, a-t-il insisté. Les écoles aussi – notamment les écoles confessionnelles gérées par l’Eglise anglicane dont le nombre croît actuellement à Londres.
 
« Alors que les atrocités de Bruxelles et de Paris sont très présentes à nos esprits il devrait être évident que l’on ne peut exorciser le satanique en créant un vide spirituel », a-t-il poursuivi. Cela exige l’implication mais aussi le respect des corps intermédiaires : « l’importance vitale des communautés et des institutions qui assurent la médiation entre l’individu et l’Etat ». Ce sont des droits de ces corps intermédiaires que l’idéologie des droits de l’homme a rejetés à l’origine : Richard Chartres aurait bien fait de le rappeler.
 

L’école Big Brother fait de l’idéologie, il faudrait enseigner la foi, met en garde l’évêque anglican

 
Mais il note bien que l’invocation des « valeurs britanniques » abstraites révèle les « endroits les plus faibles » du pays : la nudité de la terre d’Egypte comme le dit la traduction anglaise de la Genèse. Apprendre aux enfants à comprendre la Bible les armerait pour « résister aux appels de sirène des idéologies qui divisent ». « Toute éducation capable d’armer les jeunes face aux promesses et aux périls de la vie au XXIe siècle doit comprendre l’engagement à la culture religieuse, à la clarté éthique et à l’éveil spirituel », a-t-il encore affirmé, ajoutant que c’est l’affaire de l’Etat d’« assurer que les traditions vivantes au sein de notre société pluraliste aient la place de s’épanouir sans que l’Etat lui-même ne glisse vers le rôle d’un Big Brother aux motivations idéologiques, empilant des règles toujours plus détaillées ».
 
Tout cela ne règle pas la question de la multiplicité des croyances présentes sur le sol britannique. Du moins ce dignitaire anglican insiste-t-il sur la religion chrétienne et sa capacité à contredire et à contenir les séductions de l’islam radical, bien plus que le discours laïque, maçonnique, que l’on impose par idéologie. Et par les temps qui courent, ce n’est pas rien.
 

Anne Dolhein