Le Musée du Quai Branly – ce fameux établissement au nom ridicule, qui est celui de sa rue, en hommage au grand physicien Branly, puisque la dictature sémantique du politiquement correct a fini par interdire de nommer son objet « arts premiers », c’est-à-dire « primitifs » jusqu’aux années 1990 – propose de nombreuses expositions tout au long de l’année. Il est souvent question d’instruments de percussion ivoiriens, sujet typique et fort pointu … Mais, pour une fois, le sujet d’exposition intéressera vraiment le grand public : L’Inca et le Conquistador. Il s’agit d’un récit illustré de la conquête de l’Amérique andine, des Etats actuels du Pérou, d’Equateur, de Bolivie, du Chili, et du Sud-Ouest de la Colombie par quelques centaines de soldats espagnols, dirigé par Pizarre (1478-1541). En quelques campagnes décisives, principalement en 1532-1533, ils ont réussi à abattre l’Empire apparemment puissant des Incas, de l’empereur ou Inca Atahualpa (1532-1533). De nombreux objets d’époque sont exposés, des armures des conquistadors aux armes plus primitives des Incas, avec aussi de nombreuses pièces typiques de la culture andine précolombienne, dont des vases, bien expliquées dans leur contexte. De grands tableaux du XIXème siècle, réalisés par des artistes péruviens inconnus hors de leur pays, ont mis en images les différentes étapes de cette conquête.
L’Inca et le Conquistador
Le message véhiculé tend, sans trop d’excès explicites, vers un anticolonialisme convenu : les Conquistadors ont été les envahisseurs, ont détruit un pays et une civilisation très différente. Ils ont été motivés par l’appât du gain, et n’ont pas hésité à l’occasion à se battre entre eux pour le partage du butin (1538-1542). Tout cela n’est hélas pas faux. Toutefois l’œuvre de conversion des âmes au catholicisme est trop peu évoquée, tout comme les croyances traditionnelles incas antérieures comportant des sacrifices humains. La stricte reprise en main du territoire andin par la monarchie espagnole après 1545 est aussi trop peu présente. Mais les commissaires de l’exposition n’ont pas vu que ce thème de l’échec majeur du « dialogue entre les cultures », qui n’est pas sans bien d’autres exemples historiques, pourrait fort bien aussi s’appliquer à l’Europe actuelle.
Hector Jovien
Jusqu’au 20 septembre. Plein tarif à 9 euros. Ouverture du mardi au dimanche, de 11 h à 19 h (dernière entrée : 18 h).