Par 333 voix contre 92, la chambre des Représentants des États-Unis a adopté pour la deuxième fois en trois ans une loi sur la transparence de la Réserve fédérale. Le texte a pour objectif de rendre obligatoire l’audit de la politique monétaire de la Fed, cette institution clef de la Haute Finance qui, depuis sa création il y a un siècle, avait précisément pour spécificité et pour rôle d’agir dans le secret.
La Chambre des représentants se penche sur la Réserve fédérale
Si la loi a été proposée par un représentant républicain, il n’a pas manqué de démocrates pour la voter. Tous les républicains sauf un ont adopté le texte, mais aussi 106 démocrates, bien plus que la première fois : un consensus inimaginable s’il y avait eu par exemple un veto maçonnique. Que ce soit aux États-Unis ou en France, on sait le rôle joué par les « fraternelles » parlementaires pour promouvoir ou barrer un texte jugé fondamental sur le plan de la finance, de l’intégration globale des économies ou des sujets dits « sociétaux ».
Est-ce donc de promotion qu’il faut parler ?
En l’occurrence, l’objectif recherché, qui est d’imposer un peu plus de contrôle sur une institution censée réguler et même diriger l’économie d’un pays, répond certainement à une attente populaire. Sans compter l’exigence « démocratique », qui ne souciait pas beaucoup depuis la création de la Fed. « La Réserve fédérale est une création du Congrès, elle doit donc être soumise au contrôle et à la régulation du Congrès », a déclaré le représentant Paul Broun, initiateur du texte.
A qui profite l’audit de la Réserve fédérale ?
On serait tenté d’applaudir, d’ailleurs avec raison, cette mise en cause de la toute-puissance de la Fed qui pour l’heure ne rend de comptes à personne.
Mais cela ne dispense pas de s’interroger sur le pourquoi de cette attaque en règle, qui vient après la mise au pas de bien des grandes institutions bancaires à la suite de la crise des subprimes.
Que cela puisse se faire au bénéfice du peuple américain, soit. Mais que cela puisse servir des objectifs plus obscurs, on ne peut pas l’écarter, car les forces qui gouvernent le monde, et une institution comme la chambre des Représentants américaine, ne s’en accommoderaient pas aussi facilement aujourd’hui, si ce n’était pas le cas.
L’unanimité n’est pas acquise, cependant. Le texte doit désormais venir devant le Sénat, dominé par les démocrates. Leur chef, Harry Reid, a d’ores et déjà déclaré qu’« Audit the Fed » n’y sera pas inscrit à l’ordre du jour. Attendons donc les élections de novembre.