Etats-Unis : Mike Johnson, un représentant pro-vie et anti-woke élu à la Chambre !

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Le Monde parle d’un « scénario improbable ». Mike Johnson, trumpiste pro-vie et anti-woke, vient d’être élu à la présidence de la Chambre des représentants des Etats-Unis. Une surprise de taille pour le conservateur de 51 ans, siégeant depuis 2017 seulement. D’autant plus qu’il est le premier Républicain à être élu à l’unanimité par son camp depuis plus d’une décennie ! La vague de protestation politique et médiatique est à la hauteur des prises de position de l’homme, évangélique originaire de Louisiane.

La suite promet d’être intéressante.

 

Un « fidèle champion conservateur et pro-famille » détesté par les progressistes

Depuis trois semaines, le Parti républicain était en crise : son « speaker », président de la Chambre des représentants, avait été destitué par une partie de son propre camp (une première aux Etats-Unis) et ils en étaient péniblement à la quatrième élection. Cette fois, enfin, c’est un ancien animateur de radio et chroniqueur conservateur, ancien avocat qui avait travaillé pour l’Alliance Defending Freedom, organisme de défense des droits des chrétiens, qui a trouvé étonnamment grâce aux yeux de tous, en devenant le 56e président de la Chambre, par 220 voix contre 209.

Les Républicains de tous bords ont exprimé leur satisfaction à l’égard de Johnson, y compris l’ancien président Trump, qui a déclaré qu’il « ferait un président fantastique ». Les Démocrates, eux, se sont effondrés à l’annonce de cette élection. Le fondateur de Punch Bowl News, la campagne 2024 du président Joe Biden a fermement condamné l’élection de Johnson, malgré les félicitations obligées dudit président, dans une déclaration officielle de la Maison Blanche…

On le qualifie d’« insurgé », d’« extrémiste MAGA » (Make America Great Again). Ou même d’« idéologue d’extrême droite », pour reprendre les mots du leader de la minorité parlementaire démocrate, Hakeem Jeffries, ainsi qu’il l’a déclaré sur CNN. En bref, quelqu’un qui sera l’outil de « sape de la démocratie américaine ».

 

Mike Johnson, en première ligne de la « guerre culturelle »

Dans les faits, Mike Johnson est un personnage aux manières soignées, dit-on, qui n’a jamais eu encore de rôle de meneur ou de chef de file. « Ami de tous, ennemi de personne », selon l’expression d’une élue républicaine, le chrétien évangélique, père de quatre enfants, se dit centriste mais le centre de son parti n’est probablement pas aussi conservateur que lui, bien qu’il souhaite, comme il l’a dit dans son discours d’ouverture, trouver « un terrain d’entente » avec la minorité démocrate.

Que lui reproche l’aile gauche ?

On évoque évidemment son soutien inconditionnel à Donald Trump et à la tentative juridique d’annulation des résultats falsifiés de l’élection présidentielle de 2020. Mais également son ardente défense de l’enquête de destitution de la Chambre contre le président Joe Biden, concernant des allégations « d’abus de pouvoir, d’obstruction et de corruption », en particulier via les affaires de son propre fils Hunter.

On s’indigne du fait qu’il s’est ouvertement opposé aux droits LGBT, allant même jusqu’à dire dans les années 2000 que « les relations homosexuelles étaient, par nature, contre-nature » (CNN s’est fait une joie de retrouver ces dires). Il a présenté, en décembre dernier, une version fédérale de la loi de Floride « Don’t Say Gay », qui interdit les enseignements sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle dans les écoles primaires publiques de Floride.

On hurle à la mort sur sa position anti-avortement. Lorsque la Cour suprême a annulé la jurisprudence Roe contre Wade, en juin 2022, Mike Johnson, opposant de longue date, a célébré « un jour historique et joyeux » : « Roe contre Wade a couvert constitutionnellement le meurtre électif d’enfants à naître en Amérique, point final », avait-il déclaré en pleine audience.

 

Pro-vie et anti-woke, climato-sceptique et chrétien

On fustige ses projets sur la sécurité sociale, les programmes Medicare et Medicaid, pour lesquels il a déjà proposé, au cours de son mandat de président du Comité d’étude républicain (RSC) entre 2019 et 2021, des coupes budgétaires capitales, respectivement de 750 milliards, 2.000 milliards et 3.000 milliards de dollars… Une priorité absolue du Congrès, selon lui.

On nargue son climato-scepticisme. En 2017, Johnson a déclaré aux électeurs de son Etat d’origine, riche en pétrole : « Le climat change, mais la question est : est-ce causé par des cycles naturels au cours de l’histoire de la Terre ? Ou est-ce que cela change parce que nous conduisons des SUV ? Je ne crois pas à cette dernière possibilité. Je ne pense pas que ce soit le principal moteur. »

On se moque de sa défense du « mariage-alliance ». Il s’agit d’une disposition propre à trois Etats américains (Arizona, Arkansas, Louisiane) où le mariage est juridiquement contracté de manière plus forte : savoir que le couple s’engage légalement à consulter des conseils matrimoniaux si des problèmes surviennent et qu’il ne peut demander le divorce ou la séparation de corps que pour des raisons limitées. « Je suis un grand partisan du mariage, de la fidélité et de tout ce qui va avec », a-t-il déclaré.

Quant à ses premiers positionnements internationaux, il s’est récemment opposé à l’envoi de fonds à l’Ukraine et a également déclaré mardi que « le premier projet de loi » qu’il présenterait à la Chambre serait de soutenir « notre cher ami Israël ».

Enfin, car on en revient toujours à Dieu, Mike Johnson n’a pas manqué de s’en remettre à Lui dans son discours d’ouverture : « Je ne crois pas qu’il y ait des coïncidences dans une affaire comme celle-ci. Je crois que l’Ecriture, la Bible, dit très clairement que Dieu est Celui qui élève ceux qui détiennent l’autorité. Il a ressuscité chacun de vous. Nous tous. Et je crois que Dieu a permis et ordonné à chacun d’entre nous d’être ici à ce moment précis. C’est ma conviction. Je crois que chacun d’entre nous a aujourd’hui l’énorme responsabilité d’utiliser les dons que Dieu nous a donnés pour servir le peuple extraordinaire de cette grande nation, et il le mérite. »

C’est déjà un bon début.

 

Clémentine Jallais