« Or, comme c’était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, – car le jour de ce sabbat était très solennel, – les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés et qu’on les détachât. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui l’a vu rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi, vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l’Ecriture fût accomplie : “Aucun de ses os ne sera rompu.” Et il est encore écrit ailleurs : “Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé.” » (Jn, XIX, 31-37)
La dévotion Sacré-Cœur de Jésus est fort ancienne, et s’est largement développée au Moyen-Age. Le premier office en son honneur fut rédigé par saint Jean Eudes au XVIIe siècle, « à l’époque où, abattus et découragés par les tristes doctrines et le sombre rigorisme du jansénisme, les fidèles sentaient leurs cœurs glacés et en bannissaient tout sentiment d’amour désintéressé de Dieu ou de confiance dans le Rédempteur » (Pie XI, Quas Primas, 11 décembre 1925). Il fallut attendre 1856 pour que la fête fût étendue à toute l’Eglise par le pape Pie IX. Par la suite, Léon XIII puis Pie XI renforcèrent encore son importance. On lit chez saint Jean Chrysostome : « C’est donc de ce côté ouvert que nos saints mystères tirent leur origine ; lors donc que vous approchez de l’autel pour boire ce calice redoutable, approchez dans les mêmes dispositions que si vous deviez appliquer vos lèvres sur le côté même de Jésus-Christ. »
Saint Augustin, commentant lui aussi ce passage de l’Evangile, nous enseigne : « L’Evangéliste se sert ici d’une expression choisie à dessein ; il ne dit pas il frappa ou il blessa son côté, mais il ouvrit son côte avec une lance, pour nous apprendre qu’il ouvrait ainsi la porte de la vie d’où sont sortis les sacrements de l’Eglise, sans lesquels on ne peut avoir d’accès à la véritable vie. “Et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.” Ce sang a été répandu pour la rémission des péchés, cette eau vient se mêler pour nous au breuvage du salut ; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. »