Deux théologiens catholiques ont publié un livre en anglais intitulé « La brèche dans la digue : “Fiducia Supplicans”, une reddition au mouvement homosexualiste ». Pour eux, le document lancé par le nouveau préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernandez, connu pour ses errances, est le « couronnement » de l’action menée depuis longtemps au Vatican par le « puissant lobby LGBT ». Et constitue un « demi pas hautement symbolique sur la longue route vers une pleine reconnaissance ».
Une étude sur le lobby LGBT dans l’Eglise sur des décennies
Malgré les oppositions en effet, l’idée s’est répandue largement dans l’opinion et dans l’Eglise que celle-ci est ouverte aux unions de même sexe, « c’est pourquoi la bénédiction “non rituelle” autorisée par Fiducia Supplicans a ouvert une grande brèche dans la digue de la morale catholique et représente une victoire pour le mouvement homosexualiste (…) ». Dans son avant-propos au livre, Robert Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc, estime que Fiducia Supplicans « refuse de nommer le mal » et se trouve « dans le ton de l’esprit du temps. La négation du péché, conséquence du subjectivisme dominant et du relativisme d’aujourd’hui, la négation de la vérité, qui, par définition, s’applique à tous en tout temps ». La brèche dans la digue est une étude en profondeur, sur plusieurs décennies, de l’action du lobby LGBT dans l’Eglise qui a su « opérer avec adresse tant dans le domaine du militantisme de réseau que dans celui des études et de la théologie, avec pour but d’éliminer de la doctrine catholique le caractère de péché grave que l’Eglise a toujours attribué aux actes homosexuels, et même de les approuver comme des signes authentiques de l’amour de Dieu ».
Fiducia Supplicans, couronnement d’un coup de force
Le livre constate aussi, heureusement, la résistance générale de l’Eglise au coup de force de Fiducia Supplicans, notant par exemple que le texte a été « enterré » en Afrique. C’est une réaction saine et non une attitude schismatique, selon Loredo et Ureta : « S’il existe un petit groupe d’idéologues aux tendances schismatiques, on ne doit pas le chercher parmi les prélats, les clercs et les fidèles qui défendent la vérité, le bien et la beauté de l’enseignement traditionnel de l’Eglise », mais plutôt parmi les dissidents progressistes qui reviennent sur la condamnation solennelle portée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi dans les années 1990. « Encouragé par les ouvertures du pape François, il a dressé la tête et conquis de l’espace durant les onze années de son pontificat. Pourtant ce courant homohérétique manque de soutien populaire même en Allemagne où il a la main sur les leviers administratifs qui dirigent le chemin synodal avec le soutien d’une grosse majorité de la hiérarchie. »
Fermes dans la foi face au cléricalisme schismatique
Le côté hautement clérical et antidémocratique de la révolution synodale en cours est ici parfaitement détecté. Pour Ureta et Loredo, ce soutien clérical européen fait rêver le lobby LGBT d’une victoire totale : « une bénédiction liturgique avec un rituel analogue à celui du sacrement du mariage ». Rien que ça ! La conclusion est donc obligée : « De ce fait, les catholiques doivent demeurer fermes dans un non possumus inflexible parce que “Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Actes, V, 29). Si la résistance respectueuse mais inébranlable à l’autorité mène à une rupture, ce ne sera pas la faute de ceux qui défendent le dépôt de la foi pour la maintenir intacte, mais plutôt de ceux qui cherchent à la réinterpréter en se fondant sur de prétendues données de la science moderne ou une évolution supposée de l’humanité. » Qui suis-je pour dire le contraire ?