DRAME SOCIAL La loi du marché ♥♥


 
Les choses étant ce qu’elles sont, La loi du marché porte désormais le label paradoxalement inquiétant de la sélection officielle de Cannes, et d’une palme d’or pour l’interprète masculin principal Vincent Lindon. Cet acteur, issu d’une très riche famille d’industriels, s’est posé ces dernières décennies en champion de l’extrême-gauche, avec des rôles correspondant souvent à cette image, tel dans Welcome (2009). Le titre du film, les attentions affichées, ont fait craindre un énième brûlot marxiste de qualité médiocre, produit avec nos impôts.
 

La loi du marché surprend par son réalisme

 
Or, surprise très positive, il n’en est rien. Les quelques rares tentatives de théorisations explicites sombrent rapidement dans le ridicule, avec par exemple une confusion entre le chiffre d’affaire et le bénéfice. Voilà pour la culture économique théorique. Par contre, les drames sociaux, la souffrance des travailleurs pauvres, sont eux fort bien rendus. Ils ne peuvent être niés, même si l’on n’est pas convaincu par Marx ou Mélenchon. Vincent Lindon interprète un chômeur de longue durée, père d’un fils unique handicapé, ce qui fait certes beaucoup, sans être hélas irréaliste pour autant. Point positif, nul misérabilisme explicite dans le film. Le personnage principal veut travailler, accepte un poste très en dessous de son métier antérieur, devient ainsi surveillant dans une grande surface.
 
La loi du marché vaut pour son aspect documentaire réussi à Pôle Emploi, avec des conseillers bienveillants mais pas toujours habiles et débordés, puis au supermarché. La vie d’un supermarché, au niveau de ses employés, est bien rendue. Les surveillants du magasin empêchent les nombreux vols de clients indélicats, phénomène en effet massif. Ils doivent aussi contrôler les autres employés, élément moins connu et vrai. La direction n’est pas sympathique, mais il y a des règles à maintenir, d’ailleurs décidées plus au niveau du siège de l’enseigne que du magasin. Les caissières sont soupçonnées de récupérer les bons de réduction ou les points-bonus de clients indifférents ou distraits. Y a-t-il vol pour autant ? Ce n’est pas prendre dans la caisse, mais strictement interdit.
 
Les acteurs amateurs sont pour une fois criants de vérité. Quelques scènes sont certes excessives, mais l’ensemble surprend très positivement par son réalisme.