COMEDIE/FILM EXPERIMENTAL Taxi Téhéran ♥


 
Taxi Téhéran est fondamentalement un défi du réalisateur iranien Jafar Panahi aux autorités de son pays. Elles entendent lui interdire de réaliser des films, ou peut-être plus exactement veulent lui fixer des conditions très strictes qu’il refuse. Il se fait fort néanmoins de produire une œuvre. D’où ces conditions expérimentales particulières : pratiquement tout Taxi Téhéran se déroule à l’intérieur d’un taxi, un des espaces de dialogues authentiques et libres de la société iranienne. Toutefois, les acteurs sont des professionnels, ou des amateurs engagés ou des militants politiques, et non quidams surpris.
 

Taxi Téhéran finit par lasser quelque peu

 
Si l’expérience suscite quelque sympathie, il est excessif de crier au chef d’œuvre. Les conversations amusent parfois, quelques personnages suscitent de la sympathie comme la nièce espiègle du réalisateur. Mais dans la durée le concept finit par lasser quelque peu le spectateur le mieux disposé. Le message politique se fait surtout de plus en plus explicite. Jafar Panahi n’est donc pas un pur artiste ennuyé par des mollahs rétrogrades et iconoclastes, mais un opposant politique déterminé, et ennuyé à ce titre. Le manichéisme finit par agacer. Il faudrait replacer les choses dans le contexte régional et culturel. Téhéran apparaît alors plus libre que Kaboul, Islamabad, Bagdad, Riyad, Doha, et pas pire que Bakou ou Achkhabad.
 
Que penser des réflexions proposées sur le cinéma ? Les règles officielles encadrant le cinéma iranien, explicitées dans le film, peuvent sembler en effet pour le moins excessives, voire ridicules en certains articles…Mais par rapport aux obscénités systématiques du cinéma français d’aujourd’hui la « décence islamique » n’est pas le pire des deux systèmes. Un réalisateur iranien peut filmer des jolies fleurs ; il n’y a rien de mal à cela. L’idéal pour le cinéma serait, entre les voiles et la nudité impudique, une hypothétique « décence chrétienne » à retrouver.