Comment la France chasse ses entreprises qui marchent

France chasse entreprises marchent
 

On s’est ému quand Alain Juppé, alors premier ministre, voulait céder Thomson à Daewoo pour un franc symbolique, ou quand Macron a laissé partir Alstom. Nos gouvernants bureaucrates énarques ont tendance à brader les fleurons de l’industrie française tout en parlant de réindustrialisation. Mais ils ne sont pas les seuls : l’ensemble du peuple français, ses politiciens et ses médias, arrive au même résultat, par ignorance et idéologie. Prenons le cas de Total, une entreprise sur un secteur stratégique, l’énergie, et on en a besoin puisque du côté du nucléaire la France, dupée par l’Union européenne et l’Allemagne, a laissé sombrer EDF. Total marche en ce moment le feu de Dieu, dopée par la demande en hydrocarbures. Et c’est précisément ce qu’on lui reproche. La gauche par égalitarisme : cachez ces superprofits que je ne saurais voir ! Vite, une taxe ! En plus, ils distribuent beaucoup d’argents aux actionnaires ! C’est un scandale ! Et les écolos par souci de pureté : une industrie qui produit du CO2, pouah ! Les étudiants à la mode, quand ils ont fini d’occuper Sciences Po, conspuent Patrick Pouyané, le PDG de Total, et Anne Hidalgo refuse qu’il parraine les Jeux Olympiques qui avaient pourtant besoin d’argent – mais pas de cet argent sale, plus sale que celui de la drogue, celui du pétrole. De sorte qu’au bout du compte les actionnaires suivent ce mouvement stupide. Il y a dix ans, les actionnaires européens, français en tête, détenaient plus de 50 % du capital. La donne change. Les Américains en détiennent déjà 40 %, parce que ça rapporte et qu’ils n’ont pas de complexes. En France, les investisseurs institutionnels (grandes banques) qu’on surnomme les zinzins, se détournent de la vilaine entreprise pas assez verte. BNP Paribas s’est engagée à réduire de 10 % son exposition à l’exploration et la production de pétrole et de gaz d’ici 2025. La Société générale fait « mieux » : 50 % d’ici à 2025 et 80 % à l’horizon 2030. Le tout en application des accords de Paris de 2018. Pendant que nous nous suicidons, les Américains achètent. Et TotalEnergies, cotée à Londres et New York mais dont la bourse de référence est Paris, pourrait déménager pour Wall Street. Une « victoire » pour l’égalitarisme et l’idéologie écolo, une petite catastrophe pour la bourse de Paris qui perdrait l’une de ses plus grosses sociétés. Et pas une bonne nouvelle pour la souveraineté de la France. Ce qui s’appelle aujourd’hui Total, naguère Elf, se nommait jadis la Compagnie française des pétroles. Voilà comment le secteur anglosaxon de l’énergie assure sa suprématie, en instrumentalisant les idéologues et l’envie des gauches.