« La France est dure à réformer »

France dure réformer le Luc
 
Le constat est porté par François Rebsamen qui, à la veille de quitter le ministère du Travail, doit encore nous donner une dernière fois, ce soir, les chiffres mensuels du chômage avant de regagner sa mairie de Dijon. « La France est dure à réformer » ? C’est sans doute vrai ; mais cela sonne trop ici comme une justification, au moins une excuse, qui nous dispense au passage de nous interroger sur la réalité et surtout le sens des chiffres qui nous seront sonnés ce soir. Ils ne seront pas bons…
 
Evitons de trop brocarder François Rebsamen à l’heure où il fait face à l’inévitable chagrin de celui qui vient de perdre une mère. D’autant que n’importe lequel de ses comparses qui s’agitent sur la scène politique aurait, à sa place, fait aussi peu, et mérité de ce fait autant les critiques.
 

« La France est dure à réformer »

 
Laissons-le donc regagner Dijon et prendre ses distances, comme il le dit, avec « le parisianisme ambiant ». J’avoue qu’une première lecture trop rapide m’avait fait lire pharisianisme ; erreur sans importance cependant, parce que l’h, bien que non muet ici, ne change pas grand chose à la réalité de ce qu’a manifestement voulu exprimé le futur ex-ministre. Disons le ministre par intérim, puisque, malgré le nombre de candidats à un quelconque maroquin, François Hollande et Manuel Valls ont manifestement quelque mal à le remplacer.
 
Le dommage, en la circonstance, est de finir sur un plaidoyer pro domo. La satisfaction n’est pas de mise, quels que soient ses éventuels mérites par ailleurs, lorsqu’on part sur un échec. On fait mieux alors de fermer discrètement la porte…
 
Ce n’est manifestement pas le style de François Rebsamen qui confie : « Il est extrêmement frustrant de quitter le ministère au moment où, si les prévisions économiques se confirment, l’on va voir le nombre de chômeurs diminuer dans notre pays, et voir les politiques que j’ai mises en place, que le gouvernement a mises en place, porter leurs fruits. » Faut pas partir alors, entend-on résonner sur les comptoirs.
 

Responsable, mais pas coupable…

 
Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute : « On me brocarde, et c’est assez facile : il n’a pas inversé la courbe du chômage… Mais si c’était le ministre du Travail qui inversait la courbe du chômage, ça se saurait. »
 
Pourquoi évoquer alors les politiques qu’il a mises en place ? On ne peut revendiquer le positif de son action, en laissant d’autres subir le négatif. Une pierre dans le jardin de l’Elysée, peut-être ?
 
Cela dit, François Rebsamen n’a pas tort, mais pas dans le sens qu’il affirme. Cette politique, en effet, ne saurait en quoi que ce soit inverser la courbe du chômage. Même le traficotage habituel des chiffres n’y parvient plus…
 
On n’en donnera pour seul exemple celui qu’il évoque lui-même, à savoir la prochaine conférence sociale des 19 et 20 octobre. On y parlera… climat et numérique.
 
Effectivement ! Si François Hollande compte sur la COP21 pour inverser la courbe du chômage, il doit se préparer à un sérieux coup de tabac social. Et perdre définitivement tout espoir de se présenter à sa propre succession.
 
A moins qu’il n’ait oublié, encore une fois, qu’il en fait la promesse…
 

François le Luc