La France, premier fournisseur de djihadistes européens

France premier fournisseur djihadistes européens
 
C’est assurément un triste titre de gloire : la France est le premier fournisseur, le contributeur le plus important en combattants djihadistes parmi tous les pays européens. Seul bémol auquel semblent se rattacher certains commentateurs : c’est le royaume de Belgique qui est le premier contributeur en pourcentage, eu égard donc à sa population.
 
La chose n’est pas nouvelle. Mais une étude parue vendredi aux Pays-Bas, et réalisée par l’International Centre for Counter-Terrorism établi à La Haye, vient le confirmer. Avec plus de 900 départs pour le djihad, la France détient donc ce triste record, devant l’Allemagne (720-760), le Royaume-Uni (700-760) et la Belgique (420-516). Ce dernier chiffre constitue une curieuse précision pour une fourchette. Mais sans doute les rédacteurs de l’étude ont-ils particulièrement insisté sur ce pays, du fait des attentats qu’il a connus, et étant donné qu’il est réputé servir de base arrière à de nombreux terroristes djihadistes. A cela s’ajoute le fait qu’il est le pays européen à envoyer le plus de combattants par rapport à sa population – 41 combattants par million d’habitants. En outre, précise l’étude, 18 % seulement des djihadistes belges sont rentrés au pays, contre 50 % de ceux partis du Danemark.
 

La France, premier fournisseur de djihadistes

 
Au total, ce sont entre 3.922 et 4.294 ressortissants de pays de l’Union européenne qui sont partis combattre en Syrie et en Irak.
 
L’étude apporte enfin quelques précisions : les femmes représentent 17 % de ces Européens partis pour le djihad ; 23 % sont des convertis à l’islam : 30 sont rentrés au pays ; 14 % sont décédés de façon certaine.
 
Deux informations enfin paraissent particulièrement intéressantes. La première est que la plupart de ces djihadistes – au moins 90 % – viennent de zones urbaines ou de banlieues de la périphérie des grandes villes. Autrement dit, ce sont rarement des paysans, les réseaux se constituant logiquement dans les agglomérations importantes…
 

Les Européens de l’Est beaucoup moins concernés…

 
La seconde est qu’ils viennent rarement des pays d’Europe de l’Est qui, note l’étude, connaissent peu d’immigration et ont peu de musulmans. Par conséquent, ils envoient peu de combattants au Proche-Orient. Les auteurs de l’étude affirment notamment n’avoir pas pu trouver de données sur ce point en ce qui concerne la Grèce ou la Hongrie. En Croatie, ils n’ont pu trouver qu’un seul cas ; en République tchèque ou en Roumanie aucun…
 
Il s’agit, bien sûr, de ceux qui ont pu être répertoriés. Quoi qu’il en soit, l’observation générale des rédacteurs de l’étude est qu’il s’agit en général d’immigrés et non de locaux – même s’il y en a un certain nombre, qui sont souvent des convertis. C’est donc là que se fait le lien. Si dans les pays de l’est de l’Europe, il y a peu de musulmans, il y a, logiquement, peu de conversions à l’islam.
 
Les auteurs de l’étude sont très prudents dans leur manière de pointer ce phénomène. L’Union européenne, qui peine à adapter son arsenal antiterroriste à la menace djihadiste, ferait tout de même bien de s’y intéresser.
 

François le Luc