Francofonia : le Louvre sous l’Occupation n’est pas un film historique, et encore moins une reconstitution rigoureuse, malgré l’espoir suscité par la bande-annonce. Il s’agit d’un film expérimental, d’une démarche artistique pure et revendiquée. Ainsi la grille de lecture classique n’est pas pertinente, et hormis les amateurs de cinéma expérimental, les spectateurs relèveront le manque de structure du film.
Francofonia : le Louvre sous l’Occupation souffre terriblement de ses multiples digressions : que vient faire le terrible siège de Leningrad (1941-1944) dans ce film sur le Louvre ? Le porte-conteneur dans la tempête est lui aussi hors sujet, et parasite pareillement le film. Enfin, sur la vision soviétique de la France occupée, il y aurait beaucoup à redire. Tous ces gros défauts flagrants agacent le spectateur le mieux disposé.
Francofonia, le Louvre sous l’Occupation : un hommage baroque au Louvre éternel
Toutefois, ce film n’est pas entièrement mauvais, car la démarche centrale du réalisateur Sokourov, suintant hélas de prétention pas toujours justifiée, est de chanter son amour du Louvre, reflet selon lui de l’âme française. Cet amour, s’il est partagé, peut éveiller l’intérêt. Deux fantômes du Louvre guident le visiteur, en caméra subjective, Marianne et Napoléon. Ils permettent d’admirer les salles, alors que leurs discours prétendument profonds et symboliques sont d’un intérêt discutable. Quant au directeur du Musée en 1940, et son visiteur imposé, un général allemand protecteur du Louvre, ils ont aussi aimé ce Musée. Seuls les passionnés du Louvre, dont on avouera être, ceux qui connaissent toutes les salles, tous les objets, peuvent vraisemblablement apprécier. Aucune explication muséale n’est livrée. Les déclarations juridiques sur le statut du Louvre en 1940 sont par contre détaillées, sur un mode inutilement ironique. Les époques sont du reste volontairement juxtaposées, pour faire de Francofonia : le Louvre sous l’Occupation une forme d’hommage baroque à un Louvre éternel.