François Hollande parle de laïcité au pape François : la rencontre cordiale

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Pour sa deuxième visite au Vatican, François Hollande a changé de ton. En se rendant auprès du pape François, le président de la République française championne de la laïcité, voulait, mercredi, exprimer la « gratitude » des Français pour les « paroles très réconfortantes » prononcées par le chef de l’Eglise catholique à l’occasion de l’assassinat du père Hamel par deux islamistes. Paroles qui n’avaient à vrai dire rien de surprenant, vu que les catholiques étaient directement visés : François avait parlé de « douleur » et d’« horreur », condamnant « de la manière la plus radicale », le « meurtre barbare » perpétré dans la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray.
 
« Nous sommes particulièrement frappés parce que cette violence horrible est intervenue dans une église, un lieu sacré où s’annonce l’amour de Dieu, avec le meurtre barbare d’un prêtre et des fidèles touchés », affirmait le Saint-Père peu après le drame.
 

Pape François, François Hollande : une même attitude face à l’islam

 
Il ne pouvait en faire moins, même si beaucoup estiment qu’il aurait pu en faire beaucoup plus en désignant clairement le responsable de cette violence antichrétienne : l’islam, intégralement appliquée selon les préceptes du Coran et des hadiths. Le pape François a au contraire disculpé la religion des musulmans et mis sur le même plan la violence « artisanale » du petit criminel italien tuant sa belle-mère ou sa fiancée et la violence à grande échelle commise au nom d’Allah, telle que le Coran l’évoque on ne peut plus clairement.
 
Il faut croire que cette prise de position a bien plu à François Hollande dont la « gratitude » était à la fois calculée et idéologique. Calculée parce qu’aujourd’hui, une certaine prise de conscience des Français oblige les candidats aux élections à tenir compte du sentiment religieux chrétien qu’ils sont malgré tout encore nombreux à partager. Pour les hommes politiques, il était cette année de bon ton d’assister à la messe du 15 août… Idéologique, parce que de telles considérations renforcent l’idée que toutes les religions, révisées, doivent pouvoir « vivre ensemble » dans le cadre d’une laïcité qui a pour première exigence le relativisme. Celle-ci, loin d’affirmer les droits de chacun comme on nous ne répète, impose ses préceptes obligatoires. Il faut d’abord croire en elle et en son refus de toute vérité transcendante ; aux religions de se plier à ses dogmes en fournissant aux peuples non plus de l’opium, mais une tisane vaguement réconfortante.
 

La laïcité en toile de fond pour la rencontre

 
Le pape François partage-t-il entièrement cette vision ? Il serait téméraire de l’affirmer mais ce que l’on peut constater, c’est la place prise par la notion de laïcité au cours de sa rencontre avec François Hollande mercredi, et la cordialité de la réunion. Celle-ci a duré une quarantaine de minutes, donnant prétexte à la publication par le Vatican de photos significatives de la bonne entente entre les deux hommes, alors que la première visite de François Hollande chez le pape, en janvier 2014, avait été présentée comme froide et sèche.
 
On ne dispose pas, bien sûr, du verbatim de la rencontre, mais dans l’entourage du président on affirme que, « lors de ce long entretien chaleureux, le pape a réaffirmé son soutien et son affection à l’égard de la France – comme il l’avait fait au téléphone le 26 juillet et dans ses différentes interventions après les attentats ».
 
« L’importance des valeurs de dialogue et de cohésion, partagées par la France et le Vatican, a également été soulignée », rapporte la presse, de même source. Il est « très important que je vienne dire au pape combien nous étions sensibles aux paroles qui ont été prononcées et à l’action qui a été la sienne et qui conforte notre vision de l’humanité », avait déclaré pour sa part François Hollande, peu avant sa rencontre le pape François.
 

La rencontre des deux François : sourires et cordialité

 
En rendant visite à Saint-Louis des Français à Rome, Hollande a tenu à parler ouvertement de la laïcité, affirmant qu’elle était là aussi pour « protéger les cultes ». Il a réaffirmé : « Lorsqu’une église est touchée, un prêtre est assassiné, c’est la République qui est profanée. » Voilà qui contredit sciemment toute l’histoire de la République française construite à la fois sur le régicide et le déicide. Un déicide consommé aujourd’hui à la fois par les lois de la République qui rejettent toute transcendance, contredisant la loi divine et la simple loi naturelle, et par l’école de la République qui extirpe si efficacement la crainte de Dieu des âmes, enseigne de fausses croyances, une force morale, et le respect des nouvelles idoles de l’environnement, de la non discrimination et de l’égalité de toutes les religions.
 
Si François Hollande s’est si bien entendu avec le pape François, c’est que, à tort ou à raison, il reconnaît à ce dernier un rôle de choix dans la marche forcée vers la fraternisation islamo-chrétienne à laquelle l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray a servi de prétexte.
 
Les larges sourires et les poignées de main énergiques et amicales échangés mercredi par les deux François laissent entendre que le courant laïque passe bien.
 
On reste dans la fiction du rempart de la laïcité face à l’islam : cette laïcité qui impose de vénérer le bikini tout en proscrivant le burkini, sans laisser aucune place à la recherche et à l’infirmation de la pudeur, de la modestie et de la décence véritables, notions totalement dépassées dans une République qui accepte les seins nus sur toutes ses plages et frémit, vierge effarouchée, lorsqu’une femme se couvre pour nager. Voilà ce qui arrive quand on rejette l’idée que la vérité puisse avoir des droits, qu’une religion puisse être dans l’erreur : c’est la tyrannie pour tous.
 

Anne Dolhein