Les pays du G20 ont salué vendredi une amélioration récente de la situation sur les marchés financiers ; mais ils ont averti dans le même temps que la croissance mondiale, toujours « modeste et inégale », restait menacée par certaines faiblesses économiques comme par certaines situations politiques qu’il juge susceptibles de déstabiliser des pays entiers, au premier rang desquelles le Brexit et la crise migratoire.
Dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion qui se tenait à Washington, les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20 ont pris acte d’un rebond des marchés faisant suite aux turbulences du début de l’année. Sans pour autant se satisfaire d’une situation qui ne permet pas à la croissance d’être au rendez-vous : « Toutefois, la croissance reste modeste et inégale, et des risques à la baisse et des incertitudes persistent dans un contexte de volatilité financière continue, de difficultés pour les exportateurs de matières premières et d’inflation faible. »
Une croissance toujours « modeste et inégale »
Ils ont également réaffirmé leur engagement à coopérer étroitement sur les questions liées aux changes : « Nous réaffirmons nos engagements antérieurs en matière de taux de change, y compris celui de nous abstenir de toute dévaluation compétitive, et nous ne fixerons pas nos taux de change dans un but de concurrence. Nous résisterons à toutes les formes de protectionnisme. »
En clair, et malgré les crises successives et les difficultés qu’ils connaissent, rien ne semble devoir fait, malgré les appels pressants de certains politiques et analystes économiques, pour protéger les pays les plus exposés. On pourrait même dire que le mot « protectionnisme » fait désormais office de repoussoir universel, au point qu’il n’est plus nul besoin de justifier de quoi que ce soit pour s’y opposer, quels que soient les risques encourus. Une réaction dont le pendant politique serait celle que nous connaissons pour le « racisme ».
La preuve en est que ministres et banquiers centraux n’ont présenté aucune initiative nouvelle pour soutenir la croissance économique, se contentant simplement de répéter que les pays membres continueraient d’étudier différentes options. Demain, on rase gratis…
Le G20 préfère persister dans la crise plutôt que de penser au protectionnisme
On peine à comprendre une réaction aussi forte de schizophrénie. Mardi, en effet, le FMI a revu à la baisse ses prévisions pour la croissance mondiale, et ce pour la quatrième fois en un an, invoquant notamment le ralentissement de l’économie chinoise, la faiblesse persistante des prix du pétrole, et la fragilité de la reprise dans les économies développées.
Malgré tout, ces personnages sont figés. Ils semblent n’envisager que des mesures auxquelles ils ne veulent pas recourir, parce qu’elles seraient immédiatement dénoncées comme du protectionnisme. Et l’on préfère continuer à s’écrouler, plutôt que de permettre de seulement songer à une telle possibilité.
Ecrivant, à la veille de cette réunion du G20, à ses homologues, le ministre des Finances indien, Arun Jaitley, a, en quelque sorte, souligné ce blocage. « Nous sommes d’avis, affirmait-il en effet, que les outils de politique monétaire ont atteint les limites de leur efficacité. » Ce qui ne l’empêche pas de dénoncer, lui aussi, le recours au protectionnisme.
Un jour viendra peut-être où, fatigués de cette inconséquence mortelle, les peuples chasseront ces serviteurs non seulement inutiles, mais dangereux…