Les dirigeants du G7 ont jugé vendredi, au Japon où ils sont réunis, que la croissance mondiale était toujours inférieure à son potentiel, et plaidé en conséquence pour des politiques budgétaires et monétaires coordonnées visant à stimuler l’activité économique. Une coordination qui prétend laisser chaque pays libre de sa méthode. Jusqu’à un certain point. Le Brexit, par exemple, et s’en étonnera-t-on ? est dénoncé comme un risque majeur.
« Nous avons renforcé la résilience de nos économies en vue d’éviter de tomber dans une nouvelle crise, et à cette fin, nous nous engageons à renforcer nos efforts pour faire face à la situation économique actuelle, en prenant toutes les mesures appropriées en temps voulu. » Les termes du communiqué final sonnent comme l’annonce de temps meilleurs, voire nouveaux, mais on ne peut s’empêcher de rester dubitatif devant cet optimisme qui a, pour le moins, un arrière-goût de déjà vu…
Le G7 s’inquiète pour la croissance et cherche des solutions
On nous en promet pourtant des mesures dont l’efficacité ne serait pas même à démontrer. A commencer par une opposition à toute dévaluation compétitive des devises, qui a dû provoquer quelques tiraillements, ne serait-ce qu’à Washington où on n’aime guère que d’autres prennent des mesures sur la question financière, souvent considérée comme une chasse gardée.
Faut-il y croire ? « La croissance mondiale reste modérée et inférieure à son potentiel tandis que les risques d’une croissance faible persistent », poursuit le communiqué, en une formule rapide qui n’en est pas moins un embryon de réponse.
Et, si l’on veut bien considérer les faits, nos dirigeants ont beau évoquer l’adoption d’« une panoplie de mesures plus efficace et plus équilibrée », l’histoire de ces dernières décennies ne fait rien pour que nous trouvions cela encourageant. D’abord, parce que les fameuses mesures invoquées ne sont souvent que pétitions de principe. Nombre d’Etats trouvent toujours des tas de raisons factuelles et prétendument temporaires pour se dispenser d’aller au-delà de la velléité.
On dénonce néanmoins le risque du Brexit
Et ensuite parce qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Ces mesures ont déjà été proposées à plusieurs reprises, et là même où elles ont été appliquées un tant soit peu il n’est guère visible qu’elles aient conduit sinon à des miracles, du moins à une amélioration réelle. Ce qui signifie, pour ces idéologues perdus dans leur nuage, une amélioration effective pour leurs concitoyens – pas pour leurs statistiques.
Il faudrait sans doute pour cela une formule magique qui reste à découvrir ; mais, quoi qu’il en soit de leurs capacités réelles ou supposées, la mentalité actuelle de nos dirigeants, leur idéologie donc, leur interdit d’y parvenir.
Nos braves gens peuvent ainsi agiter le spectre d’une nouvelle crise financière mondiale, la menace même d’une contraction de l’économie globale, comme ils disent, ne les pousse pas à trouver la réponse appropriée.
Et si la théorie laisse chacun libre d’essayer d’y parvenir, la pratique limite très vite cette prétention éventuelle. Ainsi le communiqué final dénonce-t-il la perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne comme un risque sérieux pour la croissance mondiale : « Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne inverserait la tendance à une plus grande intégration du commerce et de l’investissement mondial, ainsi que les emplois qu’ils créent, et constitue un risque supplémentaire sérieux pour la croissance. »
En ce domaine comme en d’autres, largement ponctués de poncifs, le spectacle de la réalité ne les émeut pas. Il semble même que nos dirigeants soient incapables d’ouvrir leurs yeux et leur conscience. Comme la réalité pourrait-elle se permettre d’avoir plus d’importance que les idéaux mondialistes qu’ils nous imposent ?