Après la FIV, la GIV. La fécondation in vitro pourrait bien devenir rapidement obsolète – elle qui exige de si pénibles stimulations ovariennes pour récupérer des ovules en quantité – alors que la possibilité de recourir à la gamétogenèse in vitro (GIV) s’annonce comme la technique du futur. Celle-ci permet de fabriquer des ovules depuis des cellules prélevées sur la peau, éliminant complètement la nécessité d’obtenir des cellules reproductrices féminines. C’est une nouvelle révolution dans la filiation qui s’annonce, plus radicale que toutes celles qui se succèdent depuis qu’on a commencé à dissocier la procréation de l’union conjugale. Et s’il faut en croire David Friedberg, « business angel » américain, dont la fortune est estimée quelque part entre 500 millions et 1,2 milliard de dollars, la technique sera au point pour les êtres humains d’ici à « quelques années ».
C’est ce qu’il a annoncé, hilare et satisfait, lors de son dernier podcast avec trois autres milliardaires, « All-In », disponible notamment sur X (à partir de 3’29”).
La technique a déjà été expérimentée sur des souris et consiste à utiliser des cellules de la peau pour les révertir à l’état de cellules souches qui elles-mêmes permettent de fabriquer des ovules en laboratoire – des ovules portant le patrimoine génétique du donneur.
La gamétogenèse permet de se passer d’un père et d’une mère
Outre que cela permet de se passer d’ovules naturels prélevé sur une femme, cela permet également de contourner l’obstacle – du point de vue des apprentis sorciers, bien sûr – de la reproduction sexuée. On peut en effet obtenir des gamètes féminins à partir d’une peau d’homme, et vice versa.
Cela veut dire que deux hommes pourraient techniquement devenir les parents d’un enfant commun – à condition de pouvoir implanter celui-ci quelque part, chez une femme aujourd’hui, peut-être dans un utérus artificiel demain… – mais aussi qu’un homme pourrait à lui seul permettre la fabrication de ses enfants en utilisant ses spermatozoïdes et des ovules obtenus à partir de sa propre peau. On pourrait aussi imaginer, des techniques à cette fin existant déjà, d’avoir recours à trois ou à quatre personnes pour fabriquer un seul enfant.
Il est évidemment facile d’obtenir des spermatozoïdes sans passer par une procédure lourde, mais la gamétogénèse peut les produire au même titre que les ovules. Demain, une femme pourra-t-elle devenir le père de son propre enfant ?
Tout cela, c’est sans compter les autres dérives possibles : il suffirait de prélever de la peau sur un être humain de n’importe quel âge pour pouvoir fabriquer « son » enfant biologique, qu’il soit nourrisson ou vieillard, au courant ou pas. Qui plus est, cela ouvrirait la voie à encore davantage de sélection eugénique et de destruction d’embryons, telles qu’on les voit avec la technique de la fécondation in vitro « classique » (si l’on peut dire). Le Dr Greg Burke, co-président du comité d’éthique de la Catholic Medical Association, a dénoncé les problèmes éthiques « graves » que soulève la gamétogenèse in vitro, déclarant à LifeSiteNews : « Non seulement nous manipulons la vie humaine de manière à la traiter comme si elle était une marchandise, mais la création de gamètes à partir de cellules souches semble très analogue au clonage. »
La filiation naturelle sous attaque : la culture de mort avance
Même inquiétude chez Emma Waters, de la Heritage Foundation, think tank conservateur américain : « Avec la GIV, l’identité générationnelle pourrait être perdue, car plusieurs générations d’embryons sont créées – et détruites – en l’espace d’une semaine. Ce sont les enfants, détachés des relations traditionnelles avec leur mère, leur père et leurs ancêtres, qui paieront le prix de nos “progrès” en matière de reproduction. »
Après les fictions juridiques du mariage et de la filiation homosexuels, c’est bien l’identité paternelle et maternelle elle-même qui est en péril.
Le New York Times publiait le 9 septembre dernier un article intitulé : « Le monde n’est pas prêt pour ce qui viendra après la FIV. » A l’inverse de Peter Friedberg, son auteur, Ari Schulman, rédacteur en chef de The New Atlantis: A Journal of Technology & Society, estime que la première naissance à la suite d’une GIV n’est pas pour demain. Mais certains chercheurs voient cet événement arriver d’ici à 5 ou 10 ans, prédiction optimiste selon lui.
De toute façon, à l’échelle des siècles et sauf intervention divine, nos générations risquent bien de devenir témoins, voire complices de la chose. Ou alors, devant la folie de la technicisation eugéniste de la procréation, rejeter ces nouveautés ; telle est l’idée de Schulman qui récuse l’idée, et qui ne veut à titre personnel cesser de considérer l’enfant comme un don.
Les attaques contre la filiation naturelle soutenues par les plus gros milliardaires
Mais il note également que des milliardaires comme Sam Altman, Peter Thiel et Brian Armstrong ont provoqué par leurs investissements un vrai « boom des start-up de la technologie de la fertilité » – cela va du diagnostic embryonnaire à la congélation de spermatozoïdes en passant par les utérus artificiels.
Et d’encourager ses lecteurs à prendre conscience du fait que nous vivons déjà dans les avenirs dystopiques imaginés par des auteurs de science-fiction : « Un monde où nous nous persuadons que tailler sur mesure des enfants pour qu’ils accomplissent nos rêves est une chose que nous faisons pour eux plutôt que pour nous. » « Il est temps de commencer à poser des limites », écrit-il.
Il est déjà bien tard, en réalité. Les Frankenstein fabricants de monstres ne se gèrent pas si facilement. La vraie question est de savoir si Dieu, dont le plan passe si évidemment par la famille, laissera l’humanité s’auto-infliger la punition de la filiation et de la procréation éclatées. Il est plutôt temps de le supplier pour que toute cette folie cesse, lui qui est le maître de la vie.